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Les Népalais votent pour tourner la page de l’instabilité


Ces élections pour les assemblées nationale et provinciales se déroulent en deux temps et sont les premières du genre sous la Constitution de 2015. (photo: AFP)

Les Népalais votaient dimanche dans le nord du pays dans l’espoir de tourner la page de l’instabilité qui mine ce pays pauvre de l’Himalaya depuis la fin d’une sanglante guerre civile il y a une décennie.

Ces élections pour les assemblées nationale et provinciales se déroulent en deux temps et sont les premières du genre sous la Constitution de 2015. Issue de longues années de négociations depuis la fin du conflit en 2006, la charte fondamentale a institué un État démocratique à structure fédérale.

La nation enclavée a été déchirée entre 1996 et 2006 par une décennie d’insurrection maoïste, qui a coûté la vie à 17 000 personnes et abouti à la chute de la monarchie.

Mais la transition démocratique a été chaotique, marquée par une grande instabilité gouvernementale. Au cours des 11 dernières années, le Népal a ainsi connu 10 changements de Premier ministre.

Le vote se déroule en deux phases: après le nord du pays dimanche, où 3,2 millions d’électeurs sont invités à voter, les Népalais du Sud se rendront aux urnes le 7 décembre. Les résultats sont attendus quelques jours plus tard.

Beaucoup de Népalais espèrent que ce scrutin consacrera la fin des turbulences politiques et permettra de limiter l’impact négatif des marchandages au sein du pouvoir central à Katmandou sur le développement économique du reste du pays.

Des files d’attente d’électeurs chaudement vêtus pour se protéger du froid commençaient à se constituer dimanche matin à Chautara, à l’est de Katmandou.

« Nous sommes très heureux de pouvoir choisir nos représentants », déclarait Ram Krishna Dangal en attendant de pouvoir voter. « Nous espérons après ces élections un gouvernement stable qui pourra mettre en oeuvre des programmes à long terme ».

La Constitution de 2015 vise à transférer certaines compétences du gouvernement central au profit de sept provinces nouvellement créées.

Trois formations dominantes

La nouvelle loi fondamentale veut empêcher des partis marginaux de faire leur entrée aux différentes assemblées et rendre plus difficile de renverser le Premier ministre. Le but est que le prochain gouvernement puisse pour la première fois aller jusqu’au terme de son mandat de cinq ans.

Au cours des 11 dernières années, l’instabilité politique a fait le lit de la corruption, minant la croissance économique.

Le Népal, pays de 29 millions d’habitants frappé par un séisme meurtrier en 2015, a l’un des plus bas taux de croissance d’Asie du Sud.

Mais les analystes estiment que le changement pourrait être limité car les trois partis qui dominent la scène politique depuis la fin du conflit devraient remporter la part du lion des sièges, tant au niveau national que provincial.

Le parti maoïste formé par d’anciens guérilleros a passé un accord avec les communistes du CNP-UML, créant un mastodonte électoral qui sera difficile à battre.

Actuellement aux commandes, le Congrès népalais, parti centriste, s’acharne, lui, à former des alliances avec des formations plus petites pour essayer de se maintenir au pouvoir.

Les deux camps ont fait campagne autour de promesses de croissance économique élevée, une nécessité dans un pays où les subsides envoyés au pays par les travailleurs à l’étranger comptent pour plus d’un tiers du PIB.

L’année dernière, 400 000 de ses ressortissants se sont fait embaucher hors du Népal. Ils sont principalement employés dans des chantiers de construction dans le Golfe et en Malaisie.

Traditionnellement dans la sphère d’influence indienne, Katmandou a ces dernières années joué un ping-pong diplomatique avec ses deux puissants voisins en se rapprochant de Pékin. La Chine y a investi dans de grands chantiers, ce qui a suscité l’ire de New Delhi.

Les relations entre l’Inde et le Népal se sont améliorées ces derniers temps, et les observateurs escomptent que les communistes retourneront à une attitude plus consensuelle envers son parrain.

Le Quotidien/ AFP