Une peine de 25 ans de réclusion criminelle a été requise vendredi contre Abdelhakim Dekhar, jugé aux assises pour son périple armé à Paris en novembre 2013 au cours duquel il avait grièvement blessé un assistant photographe au siège du quotidien Libération.
L’avocat général Bernard Farret a demandé que cette peine soit assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Abdelhakim Dekhar, jugé depuis le 17 novembre pour tentatives d’assassinat et séquestration, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Pour l’accusation, il y a bien eu une tentative d’homicide volontaire avec préméditation contre Philippe Antoine, alors rédacteur en chef à BFMTV, et contre César Sébastien, l’assistant photographe grièvement blessé à Libération.
Son parcours avait démarré à BFMTV le 15 novembre 2013, où il avait menacé avec un fusil à pompe le journaliste de BFMTV. Il aurait alors dit « La prochaine fois, je ne vous raterai pas », avant de prendre la fuite en laissant deux cartouches à terre.
Trois jours après, il avait grièvement blessé par balle César Sébastien dans le hall d’accueil de Libération.
Il s’était ensuite rendu dans le quartier d’affaires de la Défense, où il avait tiré sur une porte d’entrée de l’immeuble de la Société générale, non loin de deux salariées. Il avait enfin pris un automobiliste en otage. Pendant cinq jours, la police avait traqué cet homme, qualifié alors d' »ennemi public numéro 1″.
« Le principal mobile, c’est tuer par dépit social », a dit l’avocat général Bernard Farret dans son réquisitoire. Il y a chez Abdelhakim Dekhar « un ressentiment contre la société, l’Etat, le capitalisme », « un désir de vengeance ».
« BFMTV, Libération, la Société Générale sont des symboles qui correspondent bien au mobile politique », a poursuivi l’avocat général. « Il n’est pas dans le remord. Il est resté dans la revendication, la rancoeur », a mis en avant le magistrat, en s’appuyant sur la conclusion d’une psychologue.
Abdelhakim Dekhar a déjà été condamné aux assises, en 1998, dans un dossier criminel majeur lié aux milieux de l’ultragauche. Il était soupçonné d’être « le troisième homme » de l’équipée de deux membres de cette mouvance, Florence Rey et Audry Maupin, qui s’était achevée par une fusillade au cours de laquelle trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin avaient été tués en 1994.
Il avait été condamné à 4 ans de prison pour « association de malfaiteurs ».
Pour l’avocat général, il s’est « effectivement réinséré jusqu’en 2013, mais il a suffi de problèmes familiaux et d’un coup de mou pour qu’il retombe ». « Et il a commis des faits encore plus graves » que ceux pour lesquels il était jugé en 1998, a-t-il déclaré.
Le verdict sera rendu vendredi soir.
Le Quotidien/ AFP