La Ville veut donner un avis défavorable au classement d’un immeuble de l’avenue de la Gare.
Le conseil communal de la capitale se réunira lundi et un des points mérite de s’y arrêter. En effet, par un courrier du 10 mars dernier, la ministre de la Culture, Maggy Nagel, a proposé d’inscrire à l’inventaire supplémentaire des monuments nationaux, l’immeuble du 29 avenue de la Gare. Cette bâtisse porte, selon elle, des intérêts historiques, architecturaux et esthétiques.
Le service de l’urbanisme de la ville de Luxembourg reconnaît, lui aussi, un immeuble «témoin de son temps», notamment porté par «une des façades les plus riches de toute l’avenue». Il précise qu’il est «en bon état» et «a été occupé sans interruption depuis sa construction et ce, sans avoir dû subir de transformations». Il conclut même : «Sa valeur patrimoniale est indiscutable.»
Et pourtant, la commune ne souhaite pas aller dans le sens de la ministre et placer ce bâtiment sous une protection nationale. Le texte qui sera présenté aux conseillers communaux stipule on ne peut plus clairement : «il est dès lors proposé au Conseil communal d’aviser défavorablement la proposition de Madame la ministre de la Culture».
Des modifications prévues sur le bâtiment
L’unique argument que la Ville présente pour soutenir sa position est que cette demeure se trouve déjà dans un «ensemble sensible», ces aires délimitées par la commune qui protègent des groupes de maisons portant un intérêt patrimonial.
Le texte précise que «le service de l’urbanisme estime que le classement comme « ensemble sensible » peut être suffisant pour guider et encourager les propriétaires à élaborer un projet bien réfléchi, permettant un exhaussement de l’immeuble tout en conservant les étages inférieurs et la façade sur la rue».
Voilà donc le fond du problème : il existe un projet visant à ajouter un étage (au moins) à la construction. Or le classement communal en «ensemble sensible» est bien plus souple qu’une inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments nationaux. Dans le règlement communal, seule la façade sur la rue est protégée dans la mesure où il n’est question que de la préservation des qualités esthétiques d’un groupe d’habitations.
Dans le classement national, la façade est évidemment protégée et toute modification requiert l’autorisation du service des sites et monuments nationaux. Ce type de protection permet aussi de préserver l’intérieur de la maison, ce qui, dans ce cas particulier, doit être intéressant puisque son organisation intérieure n’a pas été bouleversée.
Si la commune ne souhaite pas voir l’État classer le 29 avenue de la Gare, c’est donc qu’elle veut laisser plus d’options ouvertes aux propriétaires qui souhaitent transformer les lieux, quitte à ce que ce témoignage architectural en pâtisse. Mais quoi qu’il en soit, si la ministre se doit de demander l’avis de la commune, elle n’est pas obligée d’en tenir compte. En effet, si l’État décide de classer un bâtiment, seul et contre tous, il en a le pouvoir.
Erwan Nonet