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Génocide de Srebrenica : l’ex-chef militaire Ratko Mladic condamné à la perpétuité


L'ancien chef des forces serbes de Bosnie, 74 ans, a dû été évacué de la salle d'audience, après s'être levé et avoir crié énervé aux juges qu'ils mentaient. (photos AFP)

L’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic a été reconnu coupable mercredi du génocide de Srebrenica, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, et a été  condamné à la perpétuité par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

L’ancien chef des forces serbes de Bosnie, 74 ans, a dû été évacué de la salle d’audience du TPIY, après s’être levé et avoir crié énervé aux juges qu’ils mentaient. Le juge, Alphons Orie, a ordonné que Ratko Mladic soit évacué après avoir refusé d’accéder à la demande de la défense d’interrompre l’audience à cause de la tension artérielle élevée de l’accusé. « Ils mentent, vous mentez. Je ne me sens pas bien », a-t-il crié.

Le « boucher »

Pour les Bosniaques qui représentent une grosse moitié de la population, Ratko Mladic est le « boucher » du siège de Sarajevo et du massacre Srebrenica, épisodes les plus sombres d’une guerre intercommunautaire qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Installées au premier rang d’une salle bondée de journalistes, une dizaine de femmes, proches de victimes, regardaient les trois grands écrans installés dans une salle du mémorial de Potocari, près de Srebrenica. Dès le début de l’audience à la Haye, les larmes ont coulé quand a été évoqué le massacre, les cris de colère s’élevant à chaque apparition à l’écran de Ratko Mladic.

Tout près s’élèvent les milliers de stèles blanches qui rappellent que dans les bois et collines environnants a eu lieu le pire massacre commis sur le sol européen depuis la Deuxième guerre mondiale. Plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques y avaient été assassinées en quelques jours de juillet 1992 par les forces serbes, tuerie considérée comme un acte de génocide par la justice internationale.

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« Une légende » et un « héros » pour certains

A Sarajevo, les façades de nombreux immeubles sont encore trouées d’impacts d’obus, rappel d’un siège de 44 mois, l’un des plus longs de l’histoire. Plus de 10 000 personnes, dont 1 500 enfants, y sont tombés entre 1992 et 1995, tués par les balles des snipers et les obus qui pleuvaient des hauteurs tenues par les forces de Mladic. Le marché de Markale fonctionnait normalement ce mercredi. Il fut le théâtre de deux bains de sang avec 68 morts en février 1994 et 37 en août 1995. Les noms des victimes sont inscrits sur un mur rouge.

A l’inverse, en « Republika Srpska », le ton avait été donné dès mardi soir par le chef politique de l’entité des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, pour qui « Ratko Mladic reste une légende du peuple serbe ». A Sokolac, une cinquantaine de membres de l’organisation « Honneur de la patrie » s’étaient réunis devant un poste de télévision du club des chasseurs, vêtus de T-shirt à l’effigie du chef de guerre. Le visage de Mladic, en uniforme militaire, était également paradé sur plusieurs affiches à Bratunac, à quelques kilomètres seulement du mémorial de Srebrenica : « Tu es notre héros », pouvait-on y lire.

Le Quotidien/AFP