Après sept années de succès au Fola, Ronny Souto revient au Galgenberg pour affronter, avec Hamm, un club dans le doute depuis son départ.
Revenir au Galgenberg affronter le Fola, c’est…
Ronny Souto : C’est spécial. Très spécial même après tout ce que j’ai vécu avec eux dans ce stade.
Votre histoire est assez liée, à ce club et vous, pour que vous vous demandiez si vous fêteriez un but ?
On verra. Ce but, il faudrait déjà parvenir à le marquer dans un premier temps (il rit)…
Comment le Fola avait-il pris votre volonté de vous enrôler avec Hamm alors que vous veniez de leur annoncer que vous preniez votre retraite ?
Ils ont compris assez facilement. Quand je suis revenu de mes vacances au Cap-Vert, Hamm, à qui j’avais déjà dit que ce n’était pas la peine d’essayer de me faire changer d’avis, est revenu à la charge en m’expliquant qu’il avait vraiment besoin de moi et qu’il pouvait attendre si je voulais encore des vacances. Je me suis dit que c’était le genre d’opportunité que je n’aurais jamais pu avoir au Fola. Donc voilà, je leur ai expliqué ça.
Ça m’a rendu triste mais ils doivent savoir, et ils le voient parce que je suis très souvent aux matches qui se jouent au Galgenberg, que je reste quelqu’un de leur club, que ce qu’ils sont m’appartient encore. Je m’entends bien avec tout le monde là-haut et quand je viens, tout le monde veut prendre de mes nouvelles pour savoir comment ça va. C’est important. Le seul bémol, c’est que maintenant, je vais devoir jouer contre eux.
Quel est le contexte ?
Je veux gagner. Eux aussi. Leur objectif est clair : ils doivent être européens, que ce soit par la 3e ou la 4e place. C’est le minimum pour eux. Mais cette fois, je serai de l’autre côté. Ça me met dans une situation délicate.
Vous comprenez ce qui leur arrive ?
Beaucoup de choses leur sont arrivées. Tous ces blessés en début de saison, le départ de Jeff (NDLR : Strasser, vers Kaiserslautern)… C’est vraiment dommage pour eux. Ça me rend triste. Mais ils ont la qualité pour revenir.
Ça c’est ce que tout le monde dit depuis des semaines et le sursaut durable se fait encore attendre. Êtes-vous surpris et avez-vous des solutions au problème du Fola ?
Mais dès le premier match de championnat (NDLR : match nul à la maison contre Rosport) j’ai été surpris! Quelques jours plus tôt, je les avais vus contre les Suédois (NDLR : Östersunds) en Coupe d’Europe et ils étaient hyper forts. Au point que je me disais « ça y est, ils vont redevenir champions ! ».
Et ça ne s’est pas du tout passé comme ça. C’est anormal. J’ai lu que Cyril (NDLR : Serredszum) lui-même ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Moi non plus. Ils ont des joueurs de qualité, mais il leur manque toujours deux mètres à faire défensivement, certains efforts ne sont pas faits, les consignes sont un peu négligées… Et puis il y a des soucis de mental, forcément.
Vous avez bien évidemment entendu ces gens qui n’ont pas pu s’empêcher de faire le constat que cela va moins bien depuis que Souto n’est plus là…
Je ne pense pas que ce soit vrai. Ça n’a rien à voir. Même quand j’étais là, la saison passée, il y a eu un moment où on était moins bien défensivement et on prenait beaucoup de buts. Or c’est ce qui avait toujours fait notre force.
Vous qui les voyez souvent : ils souffrent, vos anciens coéquipiers ?
Bien sûr ! Ils voudraient tous montrer un autre visage, que ça aille mieux. Mais le foot, c’est un sport collectif. Il faut qu’ils se révoltent tous ensemble, pas individuellement.
De votre côté, à Hamm, vous n’avez pas ce problème : vous marchez sur l’eau. Vous qui finissez systématiquement vos saisons en position d’européen depuis plus de dix ans, vous commencez lentement à vous y voir aussi avec Hamm, au printemps 2018 ?
Ah si on finit dans les quatre premiers, ce sera extraordinaire. Je ne pensais pas du tout à ça en signant là-bas. Mais quand on est 3e après dix journées, il ne reste plus qu’à se bagarrer chaque week-end pour voir ce que cela donnera. Mais il reste quand même plus de la moitié du championnat à disputer.
Depuis votre reprise, vous impressionnez. Vous vous doutiez que vous en aviez encore autant dans le sac ?
Je savais que si je signais à Hamm, c’est parce que je me sentais bien dans mon corps. Et à côté de moi, en plus, sur le terrain, il y a des gars qui se bagarrent avec moi et pour moi.
Beaucoup de gens se disaient que vous alliez forcément baisser d’un ton en quittant l’exigeant Fola pour Hamm…
Je l’ai dit dès le premier entraînement au coach et aux joueurs ! « J’ai des gosses à la maison alors si je ne reste pas les soirs avec eux, c’est que c’est sérieux et que je ne viens pas pour m’amuser. » Si certains pensaient que je venais pour finir tranquille, ils se sont trompés.
À Hamm, les dirigeants reconnaissent sans problème que le fait d’être estampillé Benfica les a beaucoup aidés à vous convaincre.
(Il sourit) Quelque part, c’est vrai. Je suis supporter de Benfica. Je regarde tous les matches. Je vis ça comme un vrai fan et de jouer avec ce maillot, ça me touche, c’est vrai. Rentrer sur le terrain avec ce maillot, j’en profite parce que c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire.
Vous avez d’ailleurs embrassé l’aigle qui se trouve sur votre poitrine après votre premier but pour Hamm, contre Hostert, début octobre…
Ça, c’est quelque chose que j’aurais préféré faire sur la pelouse du Stadio Da Luz (il éclate de rire), mais bon, si c’est au Luxembourg, c’est bien aussi…
Entretien avec Julien Mollereau
Programme de la 12e journée, le 19 novembre :
15h : Una Strassen – Jeunesse Esch
15h : Progrès Niederkorn – Victoria Rosport
16h : US Esch – F91 Dudelange
16h : Union Titus Pétange – US Mondorf
16h : CS Fola Esch – RM Hamm Benfica
16h : RFCU – FC Rodange 91
18h : US Hostert – FC Differdange 03