Il repart en campagne, Bertrand Mertz. Après l’annulation de l’élection municipale de Thionville, il croit en ses chances de retrouver l’écharpe de maire.
Sa candidature. Bertrand Mertz est «naturellement» candidat à cette élection municipale. «Que me diraient les Thionvillois si, après avoir fait un recours contre l’élection d’Anne Grommerch, puis avoir fait appel du premier jugement pour saisir la plus haute juridiction de l’État, je leur annonçais que finalement je ne repars pas. Ce serait ridicule. La question ne s’est même pas posée.» Cette candidature, il dit la devoir aux Thionvillois «qui ont été les victimes d’un scrutin faussé.»
Sa légitimité. À gauche, et en particulier au parti communiste, ils sont quelques-uns à contester la légitimité de Bertrand Mertz, estimant qu’il est l’heure de faire émerger un nouveau leader. En cause, notamment, la défaite sévère essuyée par Bertrand Mertz et Brigitte Vaïsse aux élections départementales. Bertrand Mertz ne se laisse pas déstabiliser : «C’est dans la difficulté que l’on mesure les qualités d’un homme. Et dans les moments difficiles de ces derniers mois, j’ai toujours fait preuve de panache.»
Les états d’âmes des communistes ? «Je ne crois pas une seconde à l’idée d’une autre liste à gauche. Nous nous sommes rencontrés mercredi et nous nous revoyons lundi (lisez hier), indique Bertrand Mertz. Mon objectif est de rassembler toute la gauche, et même bien au-delà.» Y compris les communistes, donc, qui n’avaient pourtant pas signé l’appel devant le Conseil d’État. «Je ne leur en tiens pas grief», dit Bertrand Mertz.
Son angle d’attaque. En 2014, il était le sortant. L’essentiel du débat électoral portait donc autour de son bilan. Cette fois, il est bien décidé à inverser les rôles. Même s’il rappelle que «légalement, Anne Grommerch n’a jamais été maire de Thionville», il attaque son adversaire sur son bilan. Avec deux accusations qu’il va répéter pendant toute la campagne : «Elle a fraudé et elle a menti.»
Fraudeuse ? Bertrand Mertz évoque bien sûr les liens d’Anne Grommerch avec l’association Salam, à l’origine du tract ayant altéré la sincérité du scrutin de 2014. Mais il insiste surtout sur la fameuse affaire des procurations douteuses, toujours en cours d’instruction à Metz. «Il y a eu des faits graves», dit-il.
Menteuse ? «Madame Grommerch a bâti un système basé sur le mensonge, lâche-t-il. Elle a menti aux parents d’élèves en leur jurant qu’elle était prête à remettre son mandat en jeu pour ne pas appliquer la réforme des rythmes scolaires. Elle a menti aux contribuables en leur promettant de ne pas augmenter les impôts alors qu’elle l’a fait par l’intermédiaire de la communauté d’agglomération. Elle a menti aux sportifs en leur promettant de leur construire de magnifiques équipements à Etilam. Non seulement elle ne l’a pas fait, mais elle a réduit leurs subventions.»
Ses propositions. Mais Bertrand Mertz le jure : il ne va pas se contenter de cogner son adversaire. «J’ai des propositions concrètes à faire aux Thionvillois pour les cinq années à venir.» Il a même un slogan : «Oui, c’est possible». «Oui, c’est possible de gérer cette ville différemment, de réaliser des choses dont les Thionvillois ont envie. Et sans augmenter les impôts, comme je l’ai montré de 2008 à 2014.»
Il a déjà défini les quatre axes autour desquels s’articulera son projet. D’abord l’enfance et l’éducation. «Nous mettrons en place de véritables activités éducatives pendant le temps périscolaire», annonce-t-il. Ensuite la démocratie. «Il faut remettre de la démocratie participative dans cette ville. Pas un seul projet ne se fera sans avoir engagé une consultation auprès du comité de quartier.» Il pense bien entendu au projet immobilier de la rue de la Paix. «Je l’abandonnerai pour réaliser sur le site un jardin pédagogique à destination des enfants de l’école Poincaré.»
Troisième axe : la culture. «Il faudra achever le 3e Lieu dans sa configuration originale. Mais surtout remettre de la culture au cœur de la ville. Je veux créer une synergie entre la culture et le commerce, en créant de grands événements culturels qui amèneront du monde en ville. Je pense au festival Nouvelles pistes ou encore à Rive en fête.» Dernier point : le développement durable : «Oui, c’est possible de refaire de Thionville, une ville écologique et solidaire», clame-t-il.
Sa liste. Elle n’est évidemment pas finalisée et dépendra de l’issue des négociations avec les autres partis de gauche. Mais Bertrand Mertz la souhaite «en partie renouvelée par rapport à l’an dernier. Je veux l’ouvrir d’avantage à des personnalités qui ne sont pas engagées politiquement mais qui peuvent apporter à la ville.»
Il annonce déjà un nom : Claude Frisoni, l’ancien directeur de l’Abbaye de Neumünster à Luxembourg. «Il a accepté de nous rejoindre pour réfléchir aux questions de culture et de coopération transfrontalière», se félicite Bertrand Mertz.
Son état d’esprit. Sur le papier et pour tout un tas de raisons, Anne Grommerch est la grande favorite de cette élection municipale. Pourtant, Bertrand Mertz croit en ses chances : «Vous n’allez peut-être pas me croire, mais je le sens bien. Comme en 2008, en fait. Personne ne me voyait gagner et j’ai créé la surprise.»
Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)
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