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Séisme en Iran: l’État et la population au secours des sinistrés


Des dizaines de milliers de sinistrés passent leurs nuits dehors (photo: AFP)

Le gouvernement iranien a promis mardi une action énergique pour mettre fin aux difficultés éprouvées par les sinistrés du séisme ayant frappé dimanche la province de Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran, alors qu’un élan de solidarité nationale se mettait en place.

Deux jours après la catastrophe, la ville de Sar-e Pol-e Zahab, d’où sont originaires les trois quarts des 432 personnes tuées par le séisme – selon le dernier bilan officiel – présentait un visage contrasté.  A côté des immeubles ou maisons totalement détruites, ou des constructions qui tiennent encore mais dont les façades ont été éventrées, de nombreux bâtiments ont résisté au tremblement de terre de magnitude 7,3.

Vers 15H00, une équipe de sauveteurs et de chiens renifleurs du Croissant rouge s’activait à la recherche de survivants. Le centre de la ville était embouteillé: de nombreux habitants de la province sont venus avec leur voiture prêter secours aux sinistrés. Certains distribuaient des couvertures, d’autres de l’eau, apportant un complément d’aide bienvenu aux efforts fournis par l’État. Dans une rue du centre de cette cité de quelque 85 000 habitants, des riverains aidaient des policiers à évacuer un vieil homme au visage couvert de sang séché et à la main bandée dont l’habitation risquait de s’écrouler à tout instant.

Plusieurs parcs  transformés en campings.

Des centaines de tentes fournies par le Croissant rouge y côtoient des tentes individuelles. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une tente et de couvertures pour pouvoir passer la nuit », a témoigné Shima Maryami Kiani, 24 ans, avec son enfant de trois ans.

Comme eux, des dizaines de milliers de sinistrés devront passer une nouvelle nuit dehors. Arrivé en hélicoptère dans la matinée, le président Hassan Rohani devait avoir dans l’après-midi une réunion avec les autorités locales pour évaluer la situation. « Je veux assurer tous ceux qui souffrent que le gouvernement a commencé à agir avec tout son pouvoir et qu’il s’efforce de résoudre (leurs problèmes) le plus vite possible », a-t-il déclaré.

A l’approche de l’hiver, l’aide aux sinistrés est un défi majeur. Selon une estimation officielle, 15 500 logements ont été détruits, et 15 000 autres endommagés. Selon les autorités, sept villes et près de 2 000 villages ont subi des dégâts. « L’urgence est désormais de fournir des solutions pour le chauffage, le logement et la nourriture », a reconnu à la télévision nationale Pir Hossein Koolivand, le chef du service national de secours iranien, alors que les autorités laissaient entrevoir une fin des opérations de recherche dans la journée.

La République islamique observait mardi une journée de deuil national à la mémoire des victimes. En plus des 432 morts iraniens, 8 personnes ont péri en Irak, et le séisme a fait officiellement plus de 7 700 blessés en Iran et 336 en Irak. Les tremblements de terre sont fréquents en Iran.

Le séisme de décembre 2003 (31 000 morts), qui avait anéanti la ville historique de Bam (sud), et celui de juin 1990 – 40 000 morts dans le nord du pays – restent profondément gravés dans la mémoire collective. Les zones frappées par la catastrophe ont été un théâtre majeur des combats de la guerre entre l’Irak et l’Iran (1980-1988) et en portent encore aujourd’hui les stigmates. Sar-e Pol-e Zahab, en particulier, a été un symbole de la résistance de longue haleine de l’Iran dans cette guerre déclenchée par l’Irak.

En signe de deuil, la télévision nationale arborait un bandeau noir à l’écran. Elle diffusait par intervalles un diaporama présentant les dégâts et les victimes sur l’air de « Sad Lisa », chanson du Britannique Cat Stevens (Yusuf Islam depuis sa conversion à l’islam).

La province de Kermanshah est principalement peuplée de Kurdes. Pour témoigner de sa compassion, le quotidien gouvernemental Iran a arboré exceptionnellement un titre en kurde, en première page: « L’Iran pleure avec Kermanshah ». Cité par les médias iraniens, plusieurs responsables locaux ont néanmoins estimé mardi matin que les efforts de l’État étaient encore insuffisants pour répondre à la détresse des populations.

Des initiatives privées ont pris le relai. Gloire du football iranien, l’ancien joueur Ali Daei a lancé une initiative de collecte de nourriture et de biens de première nécessité. Un grand cinéma téhéranais a annoncé dédier la moitié de ses recettes pour aider les sinistrés, et les deux équipes de football de la capitale ont annoncé l’envoi de centaines de tentes et couvertures.

Selon les autorités, la desserte en eau et en électricité était progressivement rétablie dans la majeure partie des zones touchées.
L’agence iranienne Tabnak a rapporté un symbole d’espoir: la naissance d’une petite fille, prénommée Ava, dans un des trois hôpitaux de campagne de la zone sinistrée.

Le Quotidien/ AFP