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Procès de Boston : la défense se bat pour éviter la peine de mort


Photographie fournie par le ministère de la Justice américain de Djokhar Tsarnaev le 23 mars 2015 à Boston, Massachusetts (Photo : AFP)

La défense doit présenter lundi ses premiers témoins dans la partie finale du procès des attentats de Boston, pour essayer d’éviter la peine de mort à leur auteur Djokhar Tsarnaev, 21 ans.

Plusieurs membres de sa famille sont arrivés dans cette ville du nord-est des Etats-Unis. Ils ont été obligés de changer d’hôtel ce week-end en raison de la pression médiatique, selon la presse locale.

La défense va plaider les circonstances atténuantes pour le jeune musulman d’origine tchétchène, citoyen américain depuis 2012, qui selon elle était sous la coupe de son frère aîné auto-radicalisé. Elle n’a pas précisé quels témoins elle comptait appeler à la barre.

Cette seconde phase du procès, entamée la semaine dernière par l’accusation qui a présenté 17 témoins dont de nombreuses victimes amputées aux récits bouleversants, doit permettre aux 12 jurés de décider entre peine de mort ou réclusion à perpétuité incompressible, les seules options possibles.

La défense, qui devrait prendre deux semaines, va selon les experts chercher à humaniser son client, à l’enfance ballottée du Kirghizstan au Daguestan, avant qu’il n’arrive dans la banlieue de Boston à huit ans. Contrairement à son frère aîné Tamerlan, il semblait s’y être bien intégré, avait obtenu une bourse universitaire. Ses parents étaient repartis en Russie avant les attentats.

«Je pense que nous entendrons beaucoup plus la défense, sur qui est l’accusé, son jeune âge, ce qu’a été sa vie, sa relation à son frère», explique le professeur Albert Scherr, expert de l’université du New Hampshire.

La défense pourrait aussi faire témoigner un expert en terrorisme, sur le risque d’en faire un martyr en le condamnant à mort, selon le professeur Robert Bloom, de la Boston College Law School.

Djokhar Tsarnaev, que l’accusation a décrit comme «le pire cauchemar de l’Amérique», est défendu par l’une des meilleures avocates contre la peine de mort aux Etats-Unis, Judy Clarke, 62 ans. Elle l’a évitée à plusieurs criminels notoires.

Tsarnaev avait été reconnu coupable des 30 chefs d’accusation retenus contre lui, dont 17 passibles de la peine de mort, à l’issue de la première partie du procès, le 8 avril. Les attentats du marathon de Boston avaient fait 3 morts et 264 blessés le 15 avril 2013. Djokhar Tsarnaev et son frère Tamerlan avaient fait exploser deux bombes artisanales près de la ligne d’arrivée du marathon.

Outre ces victimes, Tsarnaev a aussi été reconnu coupable du meurtre d’un policier trois jours après le carnage, alors qu’il tentait de fuir la région avec son frère, ensuite tué lors d’une confrontation avec la police. Durant la première phase du procès, la défense avait reconnu la culpabilité du jeune Tsarnaev. Volontairement profil bas, elle n’avait présenté que quatre témoins.

Tsarnaev impénétrable

Cette fois, elle devrait en présenter beaucoup plus, avec contre-interrogatoires possibles des procureurs. Tsarnaev, maigre et frêle, reste impénétrable. Il n’a jamais regardé ses victimes, même lorsqu’elles cherchaient à croiser son regard, témoignant à quelques mètres de lui. Il n’a montré aucune émotion, même lors des témoignages les plus bouleversants.

Il est jugé dans un Etat du Massachusetts qui a aboli la peine de mort depuis 1984. Personne n’y a été exécuté depuis 1947. Mais s’agissant de terrorisme avec arme de destruction massive, il relève de la justice fédérale, et les jurés ont été sélectionnés pour leur capacité à imposer la peine capitale.

Plusieurs voix se sont cependant récemment élevées pour demander que Tsarnaev ne soit pas condamné à mort, dont celle des évêques catholiques et épiscopaliens du Massachusetts, et celle des parents de sa plus jeune victime, Martin Richard, 8 ans, éviscéré par sa bombe. Dans une émouvante lettre ouverte, ils ont demandé qu’il soit condamné à la réclusion à perpétuité, pour éviter des appels à répétition en cas de condamnation à mort, qui seraient, ont-ils expliqué, autant de souffrances ravivées.

Le jury devra être unanime s’il décide de la peine de mort.

AFP