Le harcèlement est un fléau des cours de récré. Face auquel les familles concernées se sentent souvent démunies et « seules ». La maman d’un enfant de 9 ans raconte ses tourments.
C’était en 2015, c’était hier. Maxence* ne s’en est pas encore tout à fait remis. Sa famille, qui réside dans l’agglomération messine, n’a pas encore oublié ni tourné la page. Elle n’a pas oublié ses « nuits perturbées où il parlait, gémissait ou pleurait. Il exprimait une vraie souffrance ».
Dossier
L’émotion reste vive quand la maman évoque son petit garçon qui lui disait que tout allait bien alors que ses yeux, eux, lui racontaient autre chose. Pendant des mois, l’élève de primaire a gardé ses tourments pour lui et ses cauchemars nocturnes.
« On voyait bien que ça n’allait pas. Notre garçon est quelqu’un de très calme. Mais son comportement changeait. C’est une petite chose mais c’était un signe : lui qui adore le lait n’en voulait plus. Il commençait à nous répondre, à son père et à moi. Surtout, il reportait sa colère et la violence qu’il endurait sur ses frères. »
Il y avait bien un problème. Et des difficultés à mettre le doigt dessus. Et « l’enseignant que l’on a consulté plusieurs fois nous assurait que tout allait bien. Que c’était un bon élève, calme… »
Les parents sont donc à l’affût. Ils surveillent, questionnent encore. Les semaines passent jusqu’à ce qu’un incident agisse comme un révélateur. Au retour des vacances scolaires de Noël, Maxence, qui vient de fêter également son anniversaire, revient à l’école avec des crayons flambant neufs. Un camarade les lui écrase un après l’autre. Sous l’insistance des parents, le garçon se livre. Et donne des noms. Sept enfants le harcèlent depuis des mois. « Les langues ont alors commencé à se délier. Des parents et d’autres enfants ont fait des attestations. On imaginait bien que cela venait de l’école. Mais c’était dur à entendre… » Leur petit bonhomme subissait des violences. Verbales, beaucoup. Physiques, parfois.
Une plainte mais « ça n’avance pas beaucoup »
Les alertes et les demandes d’aide lancées auprès de l’école étant restées lettre morte, les parents de Maxence ont opté pour un changement d’école. C’est un des enseignements de cette triste histoire. « On est tout seul face à ce type de comportement. Les autres parents n’ont pas pris la mesure du problème. Pas plus que l’enseignant. D’ailleurs, depuis le changement d’école, personne n’a demandé des nouvelles alors que tout le monde connaît les raisons du départ. On est vraiment tout seul… »
Une plainte a été déposée à la police après une dernière sortie scolaire terminée par un traumatisme crânien. Mais « ça n’avance pas beaucoup. On a dû insister pour que notre fils soit entendu. C’était important qu’en tant que victime, il puisse parler. » Maxence le fait auprès d’un pédopsychiatre. Il est aussi soigné à base de médecine douce. Ça l’apaise. Sans le guérir complètement. « Il a besoin d’être rassuré. A chaque fois que je le dépose à l’école, il me dit plusieurs fois qu’il m’aime et me demande de ne surtout pas l’oublier. Il va lui falloir encore un peu de temps… »