Plusieurs centaines d’agriculteurs convertis au bio ont manifesté mercredi en Lorraine et en Bretagne contre la suppression des aides au maintien de l’agriculture biologique. Confronté lors de son arrivée à une « impasse budgétaire », le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert a décidé de « recentrer » les aides à l’agriculture biologique sur le soutien aux nouveaux producteurs et de confier aux régions le financement, après 2018, des aides au maintien des producteurs bio.
A Nancy, entre 200 et 250 producteurs bio de la région Grand Est se sont rassemblés pour protester contre la suppression des aides au maintien, soutenus par des militants d’associations de protection de l’environnement, selon la porte-parole de Bio en Grand Est, Sylvie Corpart. Les agriculteurs se sont rassemblés sur la place Charles-III pour sensibiliser les passants, offrant soupes chaudes et pommes bios.
« C’est vraiment problématique, on a des coûts de production supérieurs, on emploie plus de main d’oeuvre que l’agriculture conventionnelle et les interventions sur les parcelles sont plus fréquentes », a indiqué la porte-parole.
« Les signaux qu’envoie l’Etat sur la diminution des enveloppes sont négatifs et on craint un gros coup de frein sur les conversions » après un bel essor en 2015 et 2016, a-t-elle confié.
En Bretagne, quelque 150 et 200 producteurs bio se sont retrouvés à Rennes « pour la défense de l’agriculture biologique en Bretagne » avec des tracteurs affichant des pancartes « la vraie agriculture est bio, soutenons-la », ou « investissons dans le bio ».
« Le bio est sur une belle dynamique, 600 nouveaux agriculteurs ont franchi le pas cette année et pile poil au même moment l’Etat choisit de se désengager des aides au maintien à l’agriculture bio », a déploré Julien Sauvé, producteur de lait bio à Melesse (Ille-et-Vilaine).
« La filière agricole reçoit 550 millions de la PAC. Dans cette somme, nous n’en recevons que 50, et on prétend qu’on coûte cher. Qui doit payer la dépollution des eaux, des terres avec tous les pesticides employés ? ce sont les collectivités, l’Etat », a-t-il ajouté.
Les installations d’agriculteurs bio continuent de progresser en France, avec 1,77 million d’hectares désormais cultivés selon des principes biologiques (+15% en six mois), soit 6,5% de la surface agricole utile du pays, selon l’Agence.
51 490 fermes et entreprises étaient engagées en bio au 30 juin 2017, soit une hausse de 9,3% depuis la fin 2016, selon les mêmes statistiques.
Le Quotidien/ AFP.