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Etats-Unis : violences lors d’une manifestation après la mort d’un Noir brutalisé par la police


Le rassemblement en mémoire de Freddie Gray a tourné à l'émeute. (Photo AFP)

Des manifestants s’en sont pris samedi à des voitures de police et à des commerces dans le centre de Baltimore (Est des États-Unis) en marge du plus grand rassemblement organisé depuis la mort d’un jeune Noir, blessé lors de son arrestation.

Plus de 1 000 personnes s’étaient rassemblées dans le calme pendant 90 minutes devant la mairie de Baltimore, pour réclamer que justice soit rendue pour Freddie Gray, 25 ans, décédé des suites d’une fracture des vertèbres cervicales, une semaine après avoir été arrêté le 12 avril dans un quartier populaire de cette ville de 620 000 habitants. L’atmosphère s’est brusquement détériorée lorsque plusieurs dizaines de manifestants ont pris la direction du stade de baseball Camden Yards, une heure avant le début d’un match Baltimore Orioles/Boston Red Sox.

Des images tournées par des chaînes de télévision depuis des hélicoptères montrent une foule en train de jeter des cônes de sécurité, des bouteilles de soda et des poubelles sur des policiers, avant de briser des vitrines de magasins et de les piller. « Les manifestants sont en train de casser des fenêtres et de nous lancer des objets », a confirmé la police de Baltimore sur Twitter. « Nous demandons à tout le monde de garder son calme ».

Des manifestants ont été vus en train de piller une supérette, de briser des vitrines et de bloquer des intersections. Une pierre a traversé la vitre de la voiture d’une automobiliste, a rapporté la chaîne WBAL. Douze personnes ont été arrêtées, a annoncé à des journalistes le commissaire de police Anthony Batts. Un autre porte-parole de la police a estimé que les violences étaient le fait de « poches isolées » d’individus.

Brutalité policière en cause

Fredericka Gray, sœur jumelle de Freddie Gray, a lancé un appel au calme. « Ma famille veut vous dire : s’il vous plaît, s’il vous plaît, arrêtez la violence. Freddie ne voudrait pas ça ». A ses côtés, la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake, s’est dite « profondément déçue » par les violences, dont elle a accusé « un petit groupe d’agitateurs ». Lors du rassemblement, des orateurs ont appelé le président Barack Obama à lancer une enquête nationale sur les brutalités policières, après une série d’affrontements mortels entre des policiers blancs et des hommes ou de jeunes garçons noirs.

« Il faut que ça s’arrête. Il faut vraiment que ça s’arrête parce que ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous », a lancé à la foule un proche de la famille de Freddie Gray. Plusieurs enquêtes ont été lancées pour élucider les circonstances des blessures de Freddie Gray, dont une investigation fédérale menée par le ministère de la Justice.

La police de Baltimore a convenu vendredi que le jeune homme aurait dû recevoir une assistance médicale aussitôt après son arrestation. Lors de son décès, 80% de sa colonne vertébrale était sectionnée à la hauteur des cervicales, selon les avocats de la famille. Une vidéo de l’arrestation a montré des policiers plaquant au sol Freddie Gray hurlant de douleur, avant de l’embarquer dans un fourgon. Les responsables de la police ont aussi reconnu que la ceinture du sécurité du jeune homme n’était pas bouclée dans le fourgon qui a fait trois arrêts inexpliqués sur le chemin du poste de police.

Les funérailles doivent avoir lieu lundi. Six policiers ont été suspendus en attendant que la police remette le 1er mai les résultats de son enquête au procureur du Maryland, qui peut décider d’engager des poursuites. Ce décès est le dernier d’une série de bavures qui ont ravivé les tensions raciales ces derniers mois aux États-Unis et la polémique sur la brutalité policière, après la mort de plusieurs hommes noirs non armés.

AFP