Les sauveteurs étaient confrontés dimanche à des destructions massives et des difficultés de communication après le séisme dévastateur au Népal qui a fait plus de 2 000 morts, un bilan qui devrait s’alourdir, alors que la communauté internationale intensifie son assistance au pays himalayen.
Selon la police népalaise, le tremblement de terre de magnitude 7,9 a fait 1 953 morts au Népal même – le plus meurtrier depuis 80 ans – et plusieurs dizaines dans le nord de l’Inde et en Chine. Il y a des milliers de blessés. Ce bilan devrait encore grimper et les agences humanitaires sur place ont toujours le plus grand mal à évaluer l’ampleur des destructions et des besoins. « Il est clair qu’il y a des besoins urgents en abris provisoires, nourriture, eau potable, vêtements chauds, couvertures et kits d’hygiène », a expliqué l’ONG Christian Aid.
Une violente réplique de magnitude 6,7 a secoué dimanche le Népal, une zone située au nord-ouest de Katmandou, non loin de la frontière chinoise, selon l’Institut américain de géophysique (USGS). Elle a été ressentie jusqu’au mont Everest, où elle a déclenché de nouvelles avalanches, selon des alpinistes sur place. « On vient juste d’avoir notre plus forte réplique jusqu’à présent ici au camp de base de l’Everest. Plus petite que la secousse originelle, mais le glacier a tremblé et avalanches », a tweeté un alpiniste, Jim Davidson.
Dix-huit décès ont été confirmés dans l’Everest par un responsable du tourisme népalais à la suite d’un première avalanche consécutive au séisme de samedi. En Inde, les autorités ont fait état de 53 morts, en majorité dans l’État oriental du Bihar. Dix-sept personnes ont trouvé la mort au Tibet, selon la presse officielle chinoise. Le tremblement de terre a aussi touché le Bangladesh. Selon l’USGS, le séisme s’est produit à environ 80 kilomètres au nord-ouest de Katmandou. Les secousses ont duré entre 30 secondes et deux minutes à l’heure de midi samedi.
Des centaines d’immeubles rasés
A Katmandou, la capitale très durement éprouvée, nombre d’habitants ont été contraints de passer la nuit dehors, dans la rue ou sous des tentes de fortune, malgré le froid. Des centaines d’immeubles ont été rasés et une partie de la ville est privée d’électricité. Le choc a provoqué l’effondrement de la tour historique de Dharhara, l’une des attractions touristiques majeures de la capitale. Une dizaine de corps ont été extraits des ruines.
Des neuf étages de cette tour blanche surmontée d’un minaret de bronze, datant du XIXe siècle, ne restaient que des décombres, selon les images des télévisions. « Nous n’avons pas dormi de la nuit. Et comment aurait-on pu ? Le sol n’a pas arrêté de trembler. Il nous reste à prier que cela cesse pour que nous puissions rentrer chez nous », implore un jeune banquier de Katmandou, Nina Shrestha.
Les hôpitaux de la ville sont remplis de blessés, souffrant de multiples fractures des membres et autres traumatismes. « Je bosse depuis 5h30 du matin. Je suis terrifié moi aussi mais il faut bien faire ce que l’on peut pour aider les autres », confie le chauffeur d’un cyclo-pousse qui a conduit la veille quelque 35 victimes à l’hôpital.
Le séisme a coupé des voies rapides dans la capitale et provoqué des dégâts à l’aéroport international de Katmandou, qui a été fermé « pour raisons de sécurité », selon son directeur, Birendra Prasad Shrestha. La Croix-Rouge se dit inquiète du sort des villageois des zones rurales isolées proches de la zone de l’épicentre.
« Nous anticipons des pertes en vies humaines et des destructions considérables », a averti Jagan Chapagain, directeur pour l’Asie-Pacifique de la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). « Les routes ont été endommagées ou bloquées par des coulées de boue. Les communications sont rompues, ce qui nous empêche d’entrer en contact avec les branches locales de la Croix-Rouge et d’obtenir des informations crédibles. »
« Nous avons vu des scènes terribles de destruction, des hôpitaux qui ont été évacués et des patients soignés dehors à même le sol, des maisons et des immeubles démolis, des routes avec des crevasses béantes », a renchéri Eleanor Trinchera, coordinatrice pour Caritas Australia.
Rescapés de l’Everest
Les rescapés de l’Everest ont également narré des scènes dantesques : « J’ai couru et la vague, semblable à un immeuble blanc de 50 étages, m’a aplati. J’ai essayé de me relever et elle m’a aplati à nouveau », a raconté George Foulsham, un biologiste de Singapour féru de montagne. Ellent Gallant, une cardiologue américaine, a tenté de venir en aide aux blessés. Mais elle n’a pu sauver la vie d’un jeune sherpa. Parmi les 18 morts recensés dimanche, figurent « des grimpeurs étrangers », selon un responsable de l’office du tourisme népalais, Gyanendra Kumar Shrestha.
Un ingénieur américain travaillant pour Google aux États-Unis est mort dans l’avalanche, a annoncé sa famille. Selon la sœur de Dan Fredinburg, l’alpiniste serait mort au camp de base d’un traumatisme crânien. Des hélicoptères ont réussi à atterrir sur le sommet himalayen, à la faveur d’une amélioration des conditions météorologiques, pour secourir des victimes de l’avalanche. En ce début de saison, des centaines d’alpinistes se trouvent au camp de base du toit du monde, situé à 5 500 mètres d’altitude.
Solidarité internationale
La communauté internationale a commencé à se mobiliser. Les États-Unis ont annoncé l’envoi d’équipes de secours et le déblocage d’une première enveloppe d’un million de dollars. « Du fond du coeur, nous adressons notre sympathie aux peuples du Népal et des régions touchées par cette tragédie », a dit le secrétaire d’État américain John Kerry. L’Inde voisine a dépêché deux avions de transport militaires et la Chine a annoncé l’envoi d’une équipe de 62 secouristes aidés de chiens.
Deux avions russes transportant des sauveteurs devaient quitter la Russie dimanche, selon le ministère des Situations d’urgence. Des experts de l’Union européenne sont en train de se rendre dans les zones affectées. Berlin, Londres, Paris et Madrid ont aussi promis leur aide, la Norvège annonçant pour sa part le déblocage de 3,5 millions d’euros.
Le FMI s’est dit prêt à envoyer une équipe au Népal « dans les plus brefs délais afin d’aider le gouvernement à évaluer la situation macroéconomique et à déterminer les besoins financiers », en coordination avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD) notamment. Enfin, le pape François a exprimé « sa solidarité à l’égard de tous ceux affectés par ce désastre » et a fait part de sa « tristesse », selon le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican.
AFP