L’artiste franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, poursuivie pour exhibition sexuelle, a été libérée, mercredi, par la justice française après son happening devant La Joconde au Louvre.
Le 24 septembre, la jeune femme de 33 ans, vêtue d’un pantalon ouvert à l’entrejambe, s’était assise cuisses écartées et sexe apparent sous La Joconde, entourée de deux hommes. Caméra portative GoPro accrochée au front, elle avait scandé «Mona Lisa, ma chatte, mon copyright» dans un mégaphone doré, devant plusieurs dizaines de touristes venus admirer le tableau de Léonard de Vinci. Les gardiens du musée avaient fait évacuer la salle et les forces de l’ordre l’avaient interpellée. Elle avait passé deux jours en garde à vue.
Pour le tribunal, qui a retenu les arguments de la défense, il s’agissait là d’un «acte militant et artistique» et l’on n’y retrouve «pas d’élément intentionnel» de commettre une exhibition sexuelle. Les juges ont noté «l’absence d’exposition des organes génitaux», «seuls les poils pubiens» étant visibles.
Public choqué ? « Attendez, ils filment tous ! »
L’artiste a en revanche été condamnée à effectuer 35 heures de travail d’intérêt général pour avoir mordu au bras un gardien, protégé par un épais blouson. «J’ai reproduit une photo très connue de Valie Export», performeuse autrichienne connue pour ses actions provocatrices dans les années 1970, a expliqué l’artiste, chignon et lunettes à monture noire, devant le tribunal. «Ce n’est pas une nudité sexuelle que j’expose, c’est un outil.» Cette performance au Louvre consistait à «interroger la place des femmes dans l’histoire de l’art», a-t-elle ajouté.
Le parquet avait requis huit mois d’emprisonnement avec sursis. Jugée en février pour deux autres performances, l’artiste avait été déjà relaxée. Mais elle a cette fois «décidé d’aller beaucoup plus loin, ce n’est pas sa poitrine qu’elle exhibe, mais bien son sexe», a estimé le procureur.
L’affaire a eu «un retentissement complexe» au Louvre, «qui accueille 9 millions de personnes à l’année», a abondé l’avocat du musée et du gardien, Me Anguerrand Colombet. Un public choqué ? «Vous avez vu du traumatisme, vous ?, s’est amusée Me Marie Dosé, avocate de Deborah de Robertis. Attendez, ils filment tous !»