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Une vague de hashtags pour dénoncer le harcèlement sexuel


Avec #MeToo, Alyssa Milano entend donner la parole aux victimes de harcèlement sexuel. (Photo : AFP)

Après #balancetonporc, l’actrice américaine Alyssa Milano a incité les victimes de harcèlement sexuel à témoigner, en utilisant le hashtag #MeToo sur Twitter. Depuis quelques jours, les hashtags se multiplient pour recueillir des témoignages.

L’actrice américaine Alyssa Milano (« Madame est servie », « Charmed ») a publié ce samedi un message incitant les femmes victimes de harcèlement sexuel à témoigner sur Twitter en utilisant le hashtag #MeToo (#MoiAussi) dans le contexte de l’affaire Harvey Weinstein.

« Si vous avez été harcelée ou agressée sexuellement, écrivez ‘moi aussi’ dans votre réponse à ce Tweet », a lancé Alyssa Milano.

L’initiative a rencontré un fort écho mondial auprès de femmes, anonymes ou non, qui semblent évoquer pour la première fois leur expérience en public.

L’acteur Javier Munoz a également pris part au mouvement, avouant avoir été victime de harcèlement et d’agressions sexuelles « plusieurs fois ».

Le hashtag #MeToo a depuis été traduit en arabe.

L’actrice et réalisatrice italienne Asia Argento, qui accuse le producteur Harvey Weinstein de l’avoir violée en 1997, a repris ce dimanche soir #balancetonporc, en lançant sa version anglaise: #denounceallpigs.

La journaliste italienne Julia Blasi a, elle, lancé #quellavoltache (« cette fois où »). Ce hashtag accompagne une série de récits courts ou longs, pratiquement jamais sans aucun nom, dénonçant des mots glaçants, des gestes déplacés, des agressions, des viols.

Ce mouvement n’est toutefois pas inédit. La mannequin new-yorkaise Cameron Russell, 30 ans, a invité la semaine dernière ses homologues à partager leurs expériences d’agressions sexuelles sous le mot-dièse #MyJobShouldNotIncludeAbuse (« mon métier ne devrait pas inclure d’abus »).

En octobre 2016, #NotOkay avait été lancé après la diffusion d’une vidéo de 2005 dans laquelle Donald Trump, alors candidat républicain à la Maison Blanche, est enregistré parlant en termes grossiers des femmes qu’il convoite.

La même année, l’Ukrainienne Anastasia Melnytchenko lançait #Jen’aipaspeurdeparler en ukrainien et en russe. La militante pour les droits de la femme a inspiré plusieurs centaines de femmes russes, ukrainiennes, mais aussi arméniennes ou azerbaïdjanaises, qui ont évoqué des traumatismes aggravés par le tabou qui règne dans leurs sociétés.

En 2014 déjà, la campagne #YesAllWomen(#OuiToutesLesFemmes) avait été lancée après qu’un homme jugé pour des meurtres en Californie eut motivé ses actes par sa haine envers les femmes. Et en 2012, la militante féministe britannique Laura Bates avait lancé le projet internet EverydaySexism (SexismeQuotidien) qui permettait aux femmes de dénoncer les actes sexistes.

En France, #balancetonporc

En France, un appel semblable à dénoncer le harcèlement sexuel au travail est lui aussi devenu viral ces derniers jours sur Twitter. Sous le hashtag #balancetonporc, la journaliste Sandra Muller a invité à raconter, « en donnant le nom et les détails, un harceleur sexuel que tu as connu dans ton boulot ». Beaucoup de femmes ont répondu à son appel en racontant attouchements dans les transports, injures, etc.

« C’est venu comme une blague » a expliqué Sandra Muller, qui vit à New York depuis quatre ans et s’est dite « très choquée » par l’affaire Weinstein. « Je ne suis absolument pas professionnelle des tweets, je ne cherchais pas le buzz », « j’ai été dépassée » par l’ampleur des réactions, a-t-elle ajouté.

« Twitter ne remplace pas les tribunaux », a cependant déclaré la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa dans une interview accordée au Parisien, ajoutant que « la société est prête à ne plus rien laisser passer sur le harcèlement sexuel ». En France, un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles devrait être déposé en 2018.

Le Quotidien / AFP