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Françoise Griso : « La mort fait partie de la vie »


Françoise Griso : « Je suis juste une malade qui connaît la souffrance et je ne veux pas souffrir davantage. » (Photo VM/Philippe Briqueleur)

Françoise Griso se bat. Contre la maladie et pour une loi sur l’euthanasie en France. Il y a 5 ans, elle a pris la décision de mettre fin à ses jours en Belgique, lorsque la médecine ne pourra plus rien pour elle.

Dans le joli hameau de Vervezelle, tout proche de Bruyères dans les Vosges, Françoise Griso profite des beaux jours d’automne. «Le temps qu’il me reste, je veux le passer à profiter de la vie », sourit-elle. Et faire avancer le débat sur l’euthanasie en France, en témoignant.

Ce combat, elle ne le mène pas pour elle. Françoise, qui vient tout juste d’avoir 58 ans, a pris sa décision il y a 5 ans, quand son cancer ORL a récidivé pour une énième fois. Elle mourra en Belgique, elle a déjà tout planifié. « Je me bats pour mes enfants et mes petits-enfants. Je pourrais très bien dire : « Pour moi c’est bon, débrouillez-vous ! » »

Un combat qui dure depuis 17 ans

Cela fait 17 ans que Françoise lutte contre un cancer, violent, qui attaque les organes de la tête les uns après les autres. La mâchoire, l’oreille, la gorge, le crâne, un poumon et maintenant l’œil gauche. Elle a subi neuf lourdes opérations. La dixième était programmée cette semaine… Françoise doit se reposer chaque jour, trois heures au minimum, pour soulager ses douleurs. Elle a même dû interrompre son activité de toiletteuse pour chiens, l’an dernier, et fermer boutique. Elle n’a plus suffisamment les capacités ni la force de travailler.

Aujourd’hui, elle s’emploie à défendre le droit de mourir dans la dignité, faire comprendre aux gens que « la mort, ce n’est pas si dramatique et que ça n’a rien de tabou. Pour moi, ça fait partie de la vie, c’est une fatalité. »

«Ils ont fait des miracles »

Les médecins lui ont donné 17 années de plus « en vivant normalement ou presque. J’ai pu voir mes enfants grandir. Ils ont fait des miracles », souligne-t-elle. Mais Françoise est consciente que son cancer finira par gagner. Et elle veut mourir dignement.

Plus jeune, elle a dû s’occuper de son père, très malade. Ça l’a bouleversée ; elle ne veut pas imposer cela à ses enfants. Sa famille respecte ce choix. « Bien sûr, ils seront tristes de me voir partir, mais ils le seraient plus de me voir souffrir… »

« Est-ce que je suis militante ? Je ne le sais pas, je suis juste une malade qui connaît la souffrance et je ne veux pas souffrir davantage. La véritable question est de savoir pourquoi le gouvernement ne veut pas débattre sur la fin de vie sachant que la majorité des Français est favorable à une loi sur l’euthanasie. Y aurait-il plus de conflits d’intérêts en France qu’en Belgique?», s’emporte Françoise.

Elle a demandé à avoir un rendez-vous avec le député de sa circonscription, Gérard Cherpion, pour lancer le débat « mais je ne sais si cela aura un impact », soupire-t-elle.

«J’ai la chance de pouvoir encore m’exprimer, alors je le fais. Moralement, je vais bien car je sais que j’ai cette possibilité d’euthanasie en Belgique. Sinon, je serais certainement en train de me morfondre dans ma chambre. » Tout ce que Françoise demande, c’est de vivre encore un maximum.

Céline Duchemin