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Afghanistan : l’Otan doute de la participation de l’EI dans l’attaque de Jalalabad


Les forces de sécurité afghanes assistent à une seconde explosion après un attentat suicide à Jalalabad le 18 avril 2015 (Photo : AFP)

La mission de l’Otan en Afghanistan a fait part cette semaine de ses doutes sur le fait l’organisation Etat Islamique (EI) soit concrètement derrière l’attentat suicide de Jalalabad, fatal à 34 personnes samedi dernier dans l’est de l’Afghanistan.

Un ex-porte-parole des talibans pakistanais du TTP, limogé après avoir plaidé allégeance à l’EI, avait revendiqué cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée en Afghanistan par un groupe potentiellement lié à cette organisation jihadiste qui a proclamé un califat à cheval sur l’Irak et la Syrie.

Le président afghan Ashraf Ghani, qui tente de convaincre les talibans fidèles au mollah Omar de joindre un processus de paix et de maintenir l’attention de la communauté international sur son pays dans la foulée du retrait d’une grande partie des troupes de l’Otan, avait lui aussi pointé en direction de l’EI pour expliquer cette attaque.

Mais la nouvelle mission de l’Otan en Afghanistan, qui ne compte plus que 12.500 soldats cantonnés de surcroît à un rôle de formation de l’armée locale, l’a en quelque sorte contredit, faisant part publiquement de ses doutes quant au rôle de l’EI dans l’attentat de Jalalabad.

Modèle des attaques des talibans

«Nous n’avons vu aucune preuve d’une implication ou d’un soutien (de l’EI) dans ces attaques», a souligné dans un communiqué Christopher Belcher, le porte-parole de la mission de l’Otan baptisée «Soutien résolu».

«Jalalabad continue d’être un secteur où les talibans jouissent d’une grande influence et cette attaque correspond au modèle passé des attaques des talibans dans ce secteur. Cette attaque ne représente donc pas un changement fondamental à l’environnement sécuritaire», a-t-il ajouté.

D’ex-commandants des talibans pakistanais et afghans avaient plaidé collectivement allégeance à l’EI en début d’année, mais la question de leurs liens opérationnels ou non avec l’organisation dirigée par Abou Bakr al-Baghdadi demeure sujet de vifs débats.

Le numéro deux du renseignement afghan, Hesamuddin Hesam, a déclaré cette semaine que les combattants de l’EI en Afghanistan n’étaient pas des hommes venus du Moyen-Orient mais bien des talibans ayant retourné leur veste. «Il y a deux types d’EI. L’un qui opère en Syrie et l’autre en Afghanistan. Et en Afghanistan, ce sont les mêmes vieux talibans qui ont changé leur drapeau blanc pour le noir (de l’EI) et sont devenus plus efficaces et sanguinaires».

Les talibans afghans, qui s’opposent officiellement à l’EI, ont publié récemment sur l’internet une biographie de leur chef, le mystérieux mollah Omar, afin, selon des analystes, de présenter un modèle rival à celui d’Abou Bakr al-Baghdadi.

«Pour plusieurs jeunes combattants afghans et pakistanais, le mollah Omar n’est plus qu’une vieille photo floue, alors que l’Etat Islamique a créé une image trompeuse mais enjôleuse du spectacle de la terreur et de la célébrité», a noté jeudi le Soufan Group, un centre spécialisé dans les questions de sécurité. «L’EI ne prendra peut-être pas contrôle de secteurs dans aucun de ces deux pays (Pakistan et Afghanistan), mais gagnera le coeur et les esprits de certains personnes pour les pousser à perpétrer plus d’attaques comme celle de Jalalabad».

AFP