Logement, mobilité et jeunesse ont été les thèmes principaux de la campagne électorale dans la capitale. Tous les partis en lice ont martelé leurs idées sur ces sujets durant ces quatre dernières semaines.
DP, KPL, déi gréng, CSV, LSAP, déi Lénk, ADR et le Piratepartei sont tous d’accord : le logement, la mobilité et la jeunesse sont les priorités pour les six prochaines années. D’autres thèmes ont été mis sur la table dans la campagne électorale des communales à Luxembourg. Tour d’horizon des idées.
C’est une unanimité. Durant la campagne électorale des communales à Luxembourg, tous les partis en lice ont fait du logement, de la mobilité et de la jeunesse leurs priorités.
«Nous avons dévoilé nos trois priorités en mai – à savoir la jeunesse, la mobilité et le logement – et certaines idées sur ces sujets quand nous avons présenté nos candidats et, désormais, elles sont dans tous les programmes des autres partis, a tenu à rappeler lors de la présentation du programme du DP le 18 septembre, Lydie Polfer, la bourgmestre sortante de la capitale et tête de liste des Bleus pour le scrutin de dimanche. Nous sommes contents d’avoir été un exemple pour les autres.» Lydie Polfer complète : «L’analyse est la même pour tout le monde. La Ville connaît une forte croissance démographique car elle est attractive et attrayante. Cela a des conséquences sur le logement et la mobilité.»
Avant d’exposer leurs idées pour les six prochaines années, le DP et déi gréng, membres de la dernière coalition sortante, ont défendu, ces dernières semaines, le travail accompli ces dernières années. Les opposants (CSV, LSAP, déi Lénk, ADR, KPL et les pirates) ont eux tout d’abord fustigé «le manque de proactivité de la coalition» sortante avant d’exposer leurs solutions. Résumé des débats autour du logement, de la mobilité et de la jeunesse.
Logement
Le DP, qui estime qu’au cours de ces derniers années beaucoup de logements ont déjà été construits et qui rappelle que des constructions sont en cours à Belair, Merl, Rollingergrund, Mühlenbach et Limpertsberg, souhaite «rapprocher les fonctions habiter et travailler. De nouvelles zones résidentielles verront le jour au Kirchberg, à Cessange, à Bonnevoie, à Gasperich et à la Cloche d’or». Comme déi gréng, les Bleus rappellent aussi que route d’Arlon sept hectares seront prochainement disponibles pour des logements en lieu et place du stade Josy-Barthel, de la caserne des pompiers et du centre de recyclage.
Des logements sociaux et des logements à prix abordables sont aussi énoncés dans les programmes des Bleus et des verts. Le DP avance aussi sa volonté de mettre en place le principe de location-vente. Un concept également présent dans le programme du LSAP, qui veut «définir des lotissements sur les terrains qui appartiennent à la commune, développer de nouveaux concepts tels que les coopératives ou le logement intergénérationnel…»
Le CSV, emmené par Serge Wilmes, veut faire en sorte que la Ville «construise elle-même des logements afin de les vendre ou les louer elle-même à des prix abordables». De son côté, déi Lénk, comme le souligne Guy Foetz, souligne que «le logement est de plus en plus cher et on va dans la direction de 10 000 euros/m². La Ville doit devenir promoteur public pour construire des logements sociaux et des logements à prix abordables. Nous sommes prêts à construire environ 5 000 logements sociaux ou à prix abordable.»
Sven Clement (les pirates) veut également faire de la Ville un promoteur public afin de construire «3 000 à 5 000 logements». Déi Lénk annonce aussi sa volonté de faire la chasse aux logements existants vides dans la capitale.
Mobilité
Le tram arrive (lancement prévu le 10 décembre). Cet évènement, le DP et déi gréng l’ont évoqué à maintes reprises. «Le CSV était contre le tram, rappelle Sam Tanson, la tête de liste des verts. Et aujourd’hui, ils sont pour. Nous, nous n’avons jamais changé d’avis sur le sujet et d’autres concernant la mobilité douce. Le CSV a d’ailleurs pioché beaucoup d’idées sur la mobilité dans notre programme.» Pour beaucoup de candidats, comme ceux du DP, déi gréng ou encore le CSV, l’extension du tram vers la périphérie de la capitale se trouve aussi dans les programmes. En revanche, l’ADR est «toujours contre le tram qui ne résoudra pas le problème de la mobilité en Ville», clame Marceline Goergen, conseillère communale ADR sortante.
L’extension et la sécurisation des pistes cyclables sont également dans les programmes DP, déi gréng, déi Lénk, CSV ou encore LSAP. Pour les transports publics, déi Lénk veut mettre en place «la gratuité des bus».
Mais beaucoup, comme le DP, le LSAP, déi Lénk ou encore le CSV, n’oublient pas la voiture. «La Ville doit rester accessible aux voitures», confie Lydie Polfer. Le DP veut notamment étendre l’offre de parking dans la Ville. Bref, la mobilité sera encore un sujet prioritaire au cours des six prochaines années quel que soit le(s) parti(s) à la tête de la Ville.
Jeunesse
«Le bien-être des enfants doit être au cœur de nos préoccupations» : déi gréng. «L’éducation n’est pas un jeu d’enfants» : DP. «Les enfants et les familles d’abord» : LSAP… Au cœur des préoccupations liées à la jeunesse, la construction de crèches publiques et d’écoles tient une bonne place dans tous les programmes des partis en lice.
Et aussi…
Outre les trois priorités capitales, d’autres thèmes ont été mis en avant au cours de la campagne : l’environnement, la transparence et la participation citoyenne, la sécurité, le social…
Guillaume Chassaing
Intouchable DP ?
Cela fait 48 ans que le DP préside, soit avec le CSV, soit avec déi gréng, aux destinées de Luxembourg. Et Lydie Polfer termine sa 21e année de bourgmestre de la capitale (de 1982 à 1999 et depuis 2013). Pour de nombreux opposants, il est temps que les choses changent. C’est ce qu’ont souligné durant toute la campagne électorale le LSAP, déi Lénk et le Piratepartei, notamment. Dimanche, sera-t-il l’heure du changement ou de la continuité bleue ? La réponse appartient aux 34 396 électeurs de la capitale.
Bourgmestre : Lydie Polfer (DP).
Échevins : Sam Tanson (déi gréng), Simone Beissel (DP), Viviane Loschetter (déi gréng), Colette Mart (DP), Patrick Goldschmidt (DP).
Conseillers : Marc Angel (LSAP), Laurent Mosar (CSV), Vronny Krieps (DP), Martine Mergen (CSV), Claudine Als (DP), Isabel Wiseler-Lima (CSV), Carlo Back (déi gréng), Armand Drew (LSAP), Claude Radoux (DP), Mathis Prost (DP), Claudine Konsbruck (CSV), Maurice Bauer (CSV), Jeff Wirtz (DP), Cathy Fayot (LSAP), Tom Krieps (LSAP), Marceline Goergen (ADR), François Benoy (déi gréng), Guy Foetz (déi Lénk), Joël Delvaux (déi Lénk), Jérôme Goergen (DP), Claudie Reyland (déi gréng).
Des nouveaux et des absents de marque
Par rapport au scrutin de 2011, il y a des petits nouveaux du côté des candidats pour le scrutin de dimanche. Il y a déjà un nouveau parti qui se présente face aux DP, déi gréng, CSV, LSAP, déi Lénk et ADR : les Pirates, emmenés par leur tête de liste, Sven Clement.
Ce n’est pas la seule nouveauté sur les listes des différents partis. Vainqueur des élections communales il y a six ans, Xavier Bettel a quitté son poste de bourgmestre de la capitale, fin 2013, pour s’installer dans le fauteuil de Premier ministre, et par voie de conséquence est absent de la liste DP pour ces élections communales. Tout comme Paul Helminger, bourgmestre de Luxembourg de 1999 à 2011. Conseillers communaux «bleus» lors de ces six dernières années, Claudine Als et Jérôme Goergen sont également absents. Les petits nouveaux au DP sont, entre autres, la danseuse et chorégraphe Sylvia Camarda, le secrétaire général du parti, Marc Ruppert, ou encore Stéphanie Goerens, la responsable communication de la ministre de la Famille, Corinne Cahen.
Sur la liste déi gréng, il y a aussi du changement : François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, Viviane Loschetter, future ex-échevine de la capitale, Gilles Rod, devenu directeur de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse-Charlotte, Fabiana Bartolozzi, Runa Egilsdottir ou encore Françoise Folmer ne sont pas en lice pour le scrutin.
Du côté du CSV, c’est Serge Wilmes qui a été désigné tête de liste par la fraction chrétienne-sociale de la Ville. Les conseillers communaux sortants Laurent Mosar, Martine Mergen, Isabel Wiseler-Lima, Maurice Bauer et Claudine Konsbruck sont toujours là. Ils ont été rejoints par de nouvelles têtes comme Lynn Frank, fille de Henri Frank, le bourgmestre de longue date de Manternach, Paul Galles, ancien prêtre, aujourd’hui chef de projet chez Caritas Luxembourg, ou encore Jérôme Santer, fils de l’ancien Premier ministre Jacques Santer. Au LSAP, Marc Angel, Cathy Fayot, Tom Krieps et Armand Drews briguent un autre mandat de conseiller communal. Ils sont accompagnés, entre autres, par Joanne Goebbels, Christophe Schiltz, vice-présidents de la section, ou encore l’acteur Mickey Hardt, André Weidenhaupt (premier conseiller de gouvernement au ministère du Développement durable et des Infrastructures) et la triathlète Liz May.
Histoires de campagne
Entre inaugurations et petites piques, retour sur un mois de campagne électorale.
Les inaugurations, les poses de première pierre et les fêtes du bouquet ont rythmé les dernières semaines dans la capitale. Pas un jour (ou presque) de septembre et d’octobre sans découpe de ruban. «C’est le hasard du calendrier, avance la bourgmestre de la capitale, Lydie Polfer (DP). Nous avons tout fait pour que les quatre nouvelles écoles (NDLR : Belair–Aloyse-Kayser, Charles-IV, Hollerich et école centrale Clausen) soient prêtes pour la rentrée et c’est normal qu’on les inaugure.» Beaucoup de candidats en lice pour les élections communales ont pris part à ces inaugurations.
C’est le cas par exemple de Maurice Bauer, conseiller communal CSV sortant et candidat : «C’est clairement une tactique mise en œuvre par le collège échevinal (DP-déi gréng). Il montre le résultat du travail de ces six dernières années. C’est politiquement humain. On aurait fait la même chose.» Un sentiment que ne partage pas la tête de liste CSV, Serge Wilmes, qui a été très peu vu à ces inaugurations : «Je suis venu à l’un ou l’autre projet où cela faisait sens. Mais sinon, c’était de la propagande de la part du collège échevinal et de la concurrence déloyale de la majorité par rapport aux opposants. Dans six ans, ce serait bien que cela s’arrête et qu’on interdise les inaugurations durant la période électorale.»
Quand le sujet est évoqué avec Sven Clement, la tête de liste du Parti pirate rit : «Oui, il y en a eu beaucoup et certaines drôles comme l’inauguration de la piste d’entraînement de VTT qui était fermée dès le lendemain pendant plusieurs jours. Nous n’y sommes pas allés. Au lieu d’être le 30e visage sur la photo, nous avons préféré aller dans les quartiers pour discuter avec les résidents.» Les réunions de quartier, tous les partis en ont fait. Et ils se sont tous souvent retrouvés sur la place Guillaume-II le samedi matin, lors du marché.
Ne pas parler de future coalition, sauf…
Et lors de la présentation des programmes, les têtes de liste ne se sont pas privées de lancer quelques piques à leurs adversaires. Petit florilège : «Cette présentation ne sera pas un one man show ni un one woman show. Nous formons une équipe», de Marc Angel (LSAP), destiné à Serge Wilmes qui avait présenté seul le programme du CSV quelques jours plus tôt. «Je suis fière qu’autant de nos candidats (NDLR : 23 sur 27) soient venus aujourd’hui, cela démontre que nous sommes ensemble et que nous formons une équipe. À ce que j’ai vu, ce n’était pas le cas pour les autres partis…», de Lydie Polfer (DP). Du côté de l’ADR, les bisbilles ont été internes : certains membres de la fraction ont vu d’un mauvais œil le «parachutage» de Roy Reding comme tête de liste de l’ADR dans la capitale.
Ces dernières heures, la tension était encore un peu plus palpable. Serge Wilmes n’a pas pris part aux Face-à-face de RTL. «On m’a contacté il y a deux semaines pour faire un débat avec Lydie Polfer. J’ai préparé le débat avec la journaliste, et puis, deux jours après, on me dit que tout change et que je dois débattre avec Sam Tanson, raconte la tête de liste CSV. Je n’ai pas refusé d’y aller, mais je n’admets pas qu’on change les choses à la dernière minute.»
Au-delà des thèmes principaux de campagne, qui font l’unanimité auprès de tous les candidats en lice pour le scrutin de dimanche (lire par ailleurs), il y a un autre point où tous (ou presque) sont d’accord : ne pas parler de la composition de la future coalition à la tête de la capitale. «Si vous êtes en position pour former une coalition avec un autre parti ou d’autres partis, ce serait avec qui?» À cette question, la réponse a presque toujours été : «C’est aux électeurs de faire leurs choix dimanche et on verra dimanche soir après les résultats.»
Favori des élections communales, le DP (10 conseillers communaux) reste silencieux sur ce sujet en affichant sa volonté de «garder le capital confiance des citoyens», dixit Lydie Polfer. Sam Tanson (déi gréng), membre de la coalition sortante bleue-verte, avance avoir «envie de continuer le travail commencé». Quant au CSV (5 conseillers communaux), il souhaite «se renforcer dans ces élections, avance Serge Wilmes. On est prêt à entrer en négociations pour former une coalition avec le deuxième parti des élections si nous arrivons en tête et le premier parti si nous sommes deuxièmes. Sauf avec l’ADR.» De leurs côtés, les membres de la liste LSAP affirment haut et fort que leur «équipe est prête» à prendre des responsabilités. Le seul à avoir clairement affiché la couleur, c’est déi Lénk (deux conseillers communaux). «Si c’est possible, nous sommes prêts à prendre des responsabilités, indique Guy Foetz. Former une coalition avec le DP ou le CSV, ce ne sera pas possible parce que nous n’avons pas la même vision sociale. En revanche, avec le LSAP et déi gréng, c’est possible.» En attendant, c’est aux électeurs de se prononcer.
G. Ch.