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Grand Est : partition alsacienne pour une fugue


Galvanisés par le départ de Philippe Richert, les identitaires alsaciens peaufinent leur plan de sortie du Grand Est. Lequel passerait par une fusion des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.

«Dépasser les divergences et soumettre au président de la République les différents scénarios pour l’avenir institutionnel de l’Alsace. » D’une formule, parlementaires alsaciens et présidents des départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin résumaient, mardi, l’enjeu du groupe de travail créé à leur initiative. En clair, fusionner les deux départements. Lesquels verraient leurs compétences accrues… à l’intérieur ou hors de Grand Est. Conclusions attendues le 7 novembre.

DOSSIER

Investi la veille par la majorité régionale pour briguer la présidence de Région, Jean Rottner (LR) a suivi les débats en « observateur ». « Ouvert au dialogue », le Mulhousien entend pourtant se poser en gardien de la loi. On voit mal le futur chef de l’exécutif adouber un détricotage du Grand Est. Mais ce converti à la réforme va devoir jouer fin s’il veut éviter l’étiquette de « fossoyeur » de l’Alsace qui a tant coûté à son prédécesseur. C’est que le temps ne change rien à l’affaire, la pression des irréductibles ne retombe pas. Au point de confisquer le débat. Cent personnalités d’horizons divers viennent d’initier un appel en faveur « d’une nouvelle Région Alsace, pourvue de compétences départementales et régionales ».

Fusionner dans le cadre de la loi

« Grand Est n’est pas et ne sera jamais ma région », assure en écho le député Laurent Furst (LR) en pointant « un découpage territorial digne de la période coloniale ». « Il y a aujourd’hui une vraie fenêtre de tir », complète, pour sa part, le président du Département du Bas-Rhin Frédéric Bierry (LR), convaincu de la double opportunité que constituent le changement de gouvernement et le départ de Philippe Richert. Conviction renforcée par les propos d’Édouard Philippe lors du congrès de l’association des Régions de France : « Nous laisserons une liberté aux collectivités territoriales, celle de s’organiser comme elles pensent le plus utile et le plus efficace de le faire. » Tout en excluant un « big bang à l’envers ».

Conseiller régional et député (LR) des Ardennes, Jean-Luc Warsmann temporise : « Si les départements alsaciens fusionnent dans le cadre de la loi, je n’y verrai que du positif. Au reste, nous sommes en métropole, l’Alsace n’est ni un territoire d’outre-mer ni un territoire insulaire. » Aucun statut dérogatoire qui tienne, donc, objecte l’Ardennais, pour qui le bénéfice de la réforme interdit tout retour en arrière : « Que ce soit en matière de très haut débit, de TER ou d’organisation administrative, les économies permises par la fusion sont suffisamment conséquentes. »

« La loi est la même pour tous », abonde le Mosellan Jean-Luc Bohl (UDI). Le président par intérim de la Région relaie, au passage, la crainte d’une partie de la classe politique alsacienne d’un déclassement de Strasbourg en cas de repli géographique : « Ce serait un très mauvais message de la capitale européenne. » Au diapason, Valérie Debord (LR) plaide pour des expérimentations, mais à l’échelle du Grand Est : « On peut envisager des fusions de métropoles ou encore le pilotage d’une taxe poids lourds », suggère la vice-présidente de la Région, tout en exhortant à une clarification : « Il y a un moment où il faudra sortir des postures. »

Le Républicain Lorrain