Poursuivi pour avoir, entre autres, menacé de mort son ex-épouse, un quinquagénaire a dû s’expliquer lundi.
Cela faisait 29 ans que le couple était marié quand l’épouse a annoncé la séparation à son mari. Celui-ci a vécu cela comme un choc. Il a eu du mal à accepter que sa femme ait un nouvel homme dans sa vie.
S’il recevait une lettre de divorce, il la tuerait. Voilà l’une des menaces verbales que Philippe aurait lancées à son épouse en 2015 au cours d’une dispute. «Sachant qu’à l’époque il avait des armes à la maison, cela a fait peur, relate l’ex-épouse. Quand il a su que je connaissais quelqu’un, il a commencé à me persécuter.» Elle ajoute : «Aujourd’hui ce que je veux, c’est qu’il me laisse tranquille.» En septembre 2016, le couple avait finalement divorcé à l’amiable.
Le parquet reproche non seulement au quinquagénaire d’avoir réitéré ses menaces de mort à l’encontre de son ex-épouse, mais aussi d’avoir aspergé ses vêtements d’essence et enfin d’avoir importuné par téléphone son nouvel amant. Ce dernier avait fini par porter plainte en mai 2015 : «Ce qui a fait déclencher la plainte, c’est quand ma fiduciaire m’a envoyé un message pour me dire que ma boîte mail avait été piratée. Et comme il avait une expérience professionnelle dans l’informatique…» Le nouvel amant dit avoir été victime de plusieurs formes de harcèlement. Outre les coups de fils intempestifs, il déclare avoir régulièrement observé le quinquagénaire dans sa voiture rôder autour de chez lui.
«Avec mes armes je n’ai jamais tué personne»
«J’accepte les faits, à part les menaces de mort.» À la barre de la 9e chambre correctionnelle hier après-midi, le prévenu de 57 ans a contesté avoir menacé de mort son ex-épouse. «Pendant 38 ans j’ai eu des armes. Jamais je n’ai tué personne», poursuit le père de famille. Depuis deux ans, le quinquagénaire, qui est tombé dans une dépression sévère, se trouve sous suivi psychiatrique.
Après 30 ans de mariage, cela a été un choc pour moi quand mon épouse m’a annoncé la séparation. À l’époque, je me suis posé la question « Est-ce que j’engage un détective ou je le fais moi-même. » Car je voulais savoir qui était son nouvel amant pour moi et mes enfants.» C’est par frustration qu’il aurait aspergé les vêtements de son ex d’essence : «La valise était à la cave à côté des bidons d’essence. Elle aimait bien ses habits. Mais par la suite je lui ai proposé de la dédommager.» Toute cette situation engendrée par la séparation aurait aussi entraîné la perte de son travail, selon lui. Il nie toutefois avoir vandalisé les véhicules qui se trouvaient sur la propriété du nouvel amant.
L’avocat à la défense du prévenu a demandé de l’acquitter des menaces de mort pour cause de doute. Il a plaidé en faveur d’une peine d’emprisonnement assortie d’un sursis. Il donne à considérer que son client n’a pas d’antécédents judiciaires et qu’il a respecté son contrôle judiciaire. Il a notamment l’interdiction de s’approcher ou de contacter l’amant de son ex-épouse.
Le parquet a au final requis douze mois assortis d’un sursis probatoire avec l’obligation de poursuivre son traitement psychiatrique pendant cinq ans : «Le souhait du parquet, c’est que vous preniez soin de vous et que votre situation émotionnelle se stabilise.»
Le tribunal correctionnel rendra son jugement le 23 octobre.
Fabienne Armborst