Les propos de Jean-Luc Mélenchon affirmant que « c’est la rue qui a abattu les nazis », lors de la manifestation samedi contre le « coup d’État social » d’Emmanuel Macron, ont suscité l’indignation dans la classe politique, poussant le dirigeant de La France insoumise à tenter de justifier son parallèle historique.
Devant des dizaines de milliers de partisans réunis place de la République à Paris, Jean-Luc Mélenchon avait répliqué samedi à Emmanuel Macron, pour qui « la démocratie, ce n’est pas la rue », en soulignant que « c’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a abattu les nazis… ».
« C’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a abattu les nazis… »: l’anaphore de Mélenchon contre Macron pic.twitter.com/iBsMl0BJNi
— BFMTV (@BFMTV) 23 septembre 2017
« La bataille n’est pas finie » sur la réforme du Code du travail, avait aussi affirmé le député des Bouches-du-Rhône.
« Faute politique et morale »
Le gouvernement, par la voix de son porte-parole Christophe Castaner, a dénoncé dimanche « une faute politique et morale » et jugé que « cet amalgame avec les nazis est totalement insupportable ».
Selon le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, « Jean-Luc Mélenchon est dans le déni de réalité » après son échec à la présidentielle et il voudrait « faire croire » à un pouvoir d’Emmanuel Macron « illégitime ».
« Comme une grande majorité de Français j’ai été choquée, indignée qu’on puisse mettre sur le même plan les nazis, des démocrates, des républicains », a aussi déclaré la ministre du Travail Muriel Pénicaud, dont les ordonnances réformant le Code du travail sont en vigueur depuis samedi.
« Il singe la famille Le Pen »
« En mettant dans le même sac Alain Juppé, les nazis et Emmanuel Macron, M. Mélenchon singe la famille Le Pen, le père plus que la fille », a considéré Gilles Le Gendre, porte-parole des députés La République en marche.
L’indignation s’est étendue à la sphère syndicale : le numéro un de FO Jean-Claude Mailly, qui n’a pas participé aux journées d’action organisées par la CGT contre les ordonnances, a qualifié de « choquants » les propos du leader des Insoumis. « Si on connaît un peu son Histoire, c’est même la rue qui a amené le nazisme d’une certaine manière », a-t-il rappelé à l’adresse de Jean-Luc Mélenchon, réputé pour sa grande culture historique.
Il s’est attiré aussi les foudres de la droite. « Les nazis, c’était autre chose » et « quand on est un tribun, il faut être à la hauteur de la tribune », a asséné l’ancien ministre LR Eric Woerth à BFMTV.
« Polémiques de diversion »
Sous le feu, Jean-Luc Mélenchon a tenté de se justifier voire de faire amende honorable, dimanche : « Je n’ai jamais comparé le gouvernement actuel aux nazis, cela va de soi », s’est-il défendu.
« Cinq mois après son élection présidentielle, le vainqueur de Mme Le Pen bute sur la volonté du peuple de ne point se laisser dépouiller de ses droits » et « on voit donc ses agents réduits à inventer des polémiques de diversion pour ne pas acter le constat du rapport de force », a analysé sur son blog celui qui se pose en premier opposant, dans un billet intitulé « La marche du peuple et la diversion ».
Le Quotidien/AFP