Le plus prolifique des cinéastes grand-ducaux, Andy Bausch, est de retour en salle mercredi prochain avec Sixty8, un documentaire sur les évènements «soixante-huitards» au Luxembourg.
Andy Bausch n’a rien d’un historien. Ce qui ne l’empêche pas de proposer dans sa filmographie plusieurs documentaires sur l’histoire du Grand-Duché. Après avoir traité de la Seconde Guerre mondiale dans Schockela Knätschgummi a brong Puppelcher (2010), du début du XXe siècle dans D’Belle Époque (2012), puis des années 50 dans D’Fifties (2013), voilà qu’il se penche sur les évènements de Mai 68 dans Sixty8. Un film surprenant!
Huit mois à peine après la sortie, et le succès, de ses Rusty Boys, Andy Bausch est une nouvelle fois dans l’actualité cinématographique, avec, après une fiction, un de ces documentaires dont il a le secret sur une période marquante du Grand-Duché : Mai 68. Bon, comme le disent plusieurs intervenants du film, le Luxembourg a eu à ce niveau-là un petit train de retard et le vent de révolte d’une jeunesse voulant en finir avec la société patriarcale et bigote a surtout soufflé au Grand-Duché en… 1971!
Peu importe. C’est bien en 68 que commence le film. Dans le quartier latin transformé en champ de bataille entre jeunes d’un côté et CRS de l’autre. Des évènements que de nombreux jeunes Luxembourgeois de l’époque ont néanmoins suivis à la télé et, surtout, à la radio.
Un vent nouveau qui, chez nous, s’est illustré à travers des manifestations de groupes maoïstes, la vague hippie, le journal étudiant Roud Wullmaus, dans la fumée – pas toujours licite – du bar Dany Cage, dans le projet artistique des Granges de Consdorf, à travers les premières années du Planning familial et une certaine libération des mœurs ou encore à travers différentes grèves de lycéens. Un monde disparate, jeune, fou, dont le but commun était de remettre en question les valeurs de cette société patriarcale et, avec elles, la domination politique du CSV et celle, sociétale, de l’Église catholique.
Un film partial et assumé
Une histoire, ou plutôt des histoires, que le réalisateur raconte, comme à son habitude, à travers quelques reconstitutions fictionnelles, des photos et vidéos d’archives, de petites séquences d’animation et, surtout, de nombreuses interviews de personnalités luxembourgeoises ayant participé à ces évènements. Des entretiens parfois fort étonnants au regard de ce que certains de ces anciens «révolutionnaires» sont devenus par la suite!
Andy Bausch n’est ni journaliste ni historien, il peut donc se permettre d’être partial et de ne faire intervenir dans le film que d’anciens jeunes révoltés et personne ayant défendu l’ordre établi – qui, de toute façon «soit sont morts, soit n’ont pas voulu parler de ça devant une caméra», explique le cinéaste. Un manque qui n’enlève cependant rien à l’intérêt de son projet.
Reste qu’il faut aimer le style Bausch, avec ces entretiens à rallonge, ces présentations extrêmement sommaires des interlocuteurs, ces reconstitutions, ce montage rapide – rock diront certains, la musique est d’ailleurs aussi très présente –, un aspect extrêmement bavard et un côté décalé qui cherche toujours à faire rire. Et puis, avec la bagatelle de 25 intervenants dans le film, le réalisateur ne parvient pas à éviter un certain aspect fourre-tout!
Le film, en luxembourgeois, est entièrement sous-titré en français. Mais les non-luxembourgophones devront s’accrocher. Le montage son est tellement rapide qu’il n’est pas toujours évident d’arriver au bout de la lecture.
Pablo Chimienti
Avant-première le 26 septembre
à 19 h au Kinepolis (Luxembourg).
www.sixty8.lu
En salle le 27 septembre.