Wilwerwiltz se prépare fébrilement à son match du siècle, contre Dudelange, dimanche à 15h
Romy Schmitz, président qui n’a jamais vu ça en 39 ans de carrière de dirigeant et son entraîneur, Aldin Mustic, semblent hésiter : le cadeau est magnifique mais peut-être trop énorme pour le club, l’un des plus petits du pays, sportivement parlant.
Romy Schmitz, président-secrétaire qui fêtera ses 40 ans derrière le bureau du Kiischpelt Wilwerwiltz l’année prochaine, aura été un hôte à la fois discret et très demandé de la Nuit du football, mercredi soir, à Mamer. Les joueurs dudelangeois, venus en force à cette grand-messe dont ils ne repartent jamais les mains vides, n’ont pas arrêté de passer à côté de lui, mais il n’a pas osé aller les aborder pour parler du match du siècle qui se profile, dimanche, dans sa petite commune de 1 200 habitants.
Il a préféré rester «en famille», avec ses pairs des clubs de Division 3 qui lui ont rebattu les oreilles de sa chance au tirage, lui désignant le F91. «Moi, je serai content avec 300 spectateurs (NDLR : ils étaient 80 pour la reprise du championnat contre Rambrouch, le week-end passé), mais ils me disent tous que j’aurai beaucoup plus, qu’ils vont tous venir voir ça.»
Wilwerwiltz sera prêt à les accueillir. Spontanément, quand l’information est tombée, des dizaines de volontaires se sont manifestés pour venir prêter main forte au stade Op der Foorzel. Ils seront 30 pour aider à l’organisation de cette rencontre sans équivalent dans l’histoire du club. En tout cas, pas de mémoire de Romy Schmitz : «Ça faisait des années qu’on n’avait pas passé un tour. Je me rappelle d’une année, il y a très longtemps, avec une épopée qui nous avait vus arriver au 4e tour. On avait perdu contre Mersch. Et il me semble qu’on a aussi joué contre une PH un jour…»
Alors quand l’e-mail annonçant le tirage des 32e est tombé, «c’était l’euphorie dans toute la commune». Et surtout dans le vestiaire, où Aldin Mustic, son entraîneur, raconte avoir trouvé des joueurs «perdus et contents en même temps».
Ibrahimovic, témoin direct du miracle
Pour ce coach habitué au 4-2-3-1 qui ne «pense pas jouer comme ça dimanche», il n’y a pas plusieurs façons de regarder cette arrivée miraculeuse des joueurs dudelangeois sur sa pelouse, mais une seule : magique. C’est que juste avant d’affronter Brouch au 1er tour de la Coupe – que Wilwerwiltz n’avait plus franchi depuis cinq ans –, Aldin Mustic avait croisé Sanel Ibrahimovic, venu suivre un Wiltz – CSG en Promotion. Son ancien coéquipier wiltzois s’était vu prophétiser exactement ce qui est arrivé : «Tu vas voir : on va passer ce tour et on va vous rencontrer!»
Maintenant, il va falloir assumer. L’écart entre les deux formations est tellement grand (le Petit Poucet avait fini 8e sur 10 en D3 la saison dernière, au moment où le F91 conservait son titre) que la façon dont les jeunes joueurs de Wilwerwiltz parlent des joueurs de Dudelange touche à l’excitation pure. «C’est carrément un rêve», affirme Mustic en pesant ses mots. «Quand vous regardez les résultats qu’ils font contre des équipes comme le Standard, on peut dire qu’on va rencontrer une équipe pro. Et mes gars espèrent qu’ils vont se déplacer avec toute leur équipe parce qu’ils veulent jouer contre les grands, les internationaux ceux qu’on vient de voir faire des matches fous contre le Belarus et la France, ceux qui sont connus.»
«Moi aussi j’ai envie de les voir jouer, se régale Romy Schmitz. Mais j’espère aussi qu’ils ne viennent pas pour nous en mettre 20.» C’est le risque. Ce que va gagner le club pour ses caisses (le président semble indiquer que son budget n’excède pas 10 000 euros quand celui du F91 est largement au-dessus du 1,5 million), il risque de le perdre en confiance avant de revenir à l’ordinaire du championnat. Ça inquiète aussi un peu Mustic, qui se marre franchement quand il évoque les deux séances hebdomadaires des deux dernières semaines. «On rigole souvent en se disant que la Coupe écrit souvent de belles histoires, mais on n’y croit pas, c’est pour rire. On se prend même à rêver leur mettre éventuellement un but. Mais je vais surtout demander aux gars de ne pas se laisser faire.»
Mercredi soir, Paul Philipp a retrouvé Romy Schmitz pendant la soirée. Il lui a dit que c’est pour ce genre de superbe moment que le système de la Coupe avait été changé et que si d’aventure Wilwerwiltz éliminait le F91, il viendrait honorer de sa présence la fête du club, dimanche soir, par respect. Schmitz lui a répondu, hilare : «Pas besoin de vous donner cette peine. Si ça arrive, vous pourrez même venir lundi matin parce qu’on sera encore à la buvette!»
Julien Mollereau