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Le temps de la «moisson», selon Meisch


«Quand on ne reconnaît pas la réalité, cela complique tout», a lancé le ministre en direction du SEW/OGBL. (Photo : Hervé Montaigu)

Le ministre de l’Éducation nationale s’oppose à toute minimisation des efforts entrepris par le gouvernement pour réformer le système scolaire et vante le «modèle luxembourgeois».

C’est un Claude Meisch bronzé et zen qui s’est présenté jeudi devant les journalistes pour la traditionnelle conférence de presse de la rentrée scolaire, qui commence aujourd’hui. Or à peine les vacances terminées que déjà de nouveaux ennuis attendent le ministre de l’Éducation nationale.
Mercredi, le SEW/OGBL a noté une pénurie «dramatique» d’enseignants diplômés dans l’enseignement fondamental. En cette semaine de rentrée scolaire (les écoles rouvrent aujourd’hui), 80 postes environ ne seraient pas occupés.
Une situation que le syndicat attribue en premier lieu à la durée, aux conditions précaires et à la pression liée au stage d’entrée et qui pousseraient nombre d’aspirants à tourner le dos à une carrière dans l’enseignement, par ailleurs toujours plus dépendant de chargés de cours contraints d’effectuer les mêmes tâches que leurs collègues fonctionnarisés, mais dans des conditions autrement plus précaires.

La rentrée de la confiance

Jeudi, Claude Meisch a longuement évoqué les réformes entreprises par le gouvernement, qualifiant de «moisson» ces jours où tout se concrétiserait, que ce soit au niveau de la petite enfance, au fondamental ou dans l’enseignement secondaire.
La réforme du lycée accordera ainsi plus d’autonomie aux écoles et l’enseignement fondamental dépendra à l’avenir de directions régionales. L’éducation différenciée a été réorganisée et l’éducation plurilingue à la petite enfance susciterait déjà l’intérêt de pays comme la Suisse où il serait désormais question du «modèle luxembourgeois». Cette rentrée est également marquée par l’introduction du cours «vie et société» à l’école fondamentale et d’une section I (information et communication) dans l’enseignement secondaire.
La rentrée 2017/2018, Claude Meisch la place volontiers sous le signe de la «confiance et de l’innovation». Et conseille pour commencer de voir les choses telles qu’elles se présentent au Luxembourg, plutôt que de «se faire plus petit qu’on n’est en réalité», même si des défis resteraient à relever, notamment en matière de renforcement du lien parents-école, d’inclusion scolaire et de nouvelles technologies.
Et la pénurie d’enseignants dans le canton de Clervaux ou ailleurs? «Des phénomènes locaux» en train d’être résolus, a fait savoir le ministre, qui n’a pas apprécié l’approche du SEW/OGBL : «Quand on ne reconnaît pas la réalité, cela complique tout», a lancé un Claude Meisch combatif mais toujours susceptible en direction du syndicat. Pour le reste, il a rappelé que le stage d’entrée présente «une nécessité pour tout fonctionnaire de l’État».
Quant aux chargés de cours, le ministre a assuré que leur professionnalisation serait en cours, même si le recrutement d’enseignants resterait prioritaire, en dépit des désistements observés : «Je ne peux pas savoir ce qui se passe dans la tête des gens», a martelé Claude Meisch pour sa défense. Quant à l’autonomie des écoles, il n’est pas d’avis qu’elle les mettrait en situation de concurrence, estimant que la meilleure école est peut-être celle «qui permet à ses élèves difficiles de passer leur bac».

Frédéric Braun

«Chaos programmé»

Le SEW/OGBL a enfoncé le clou jeudi après-midi en répondant par communiqué à la conférence de presse de Claude Meisch. Le syndicat y dénonce les «solutions bancales pour cacher le manque évident de personnel enseignant» et une situation «inédite et désastreuse», signe d’un «fiasco total dans la gestion du personnel de l’éducation nationale». Tout cela était pourtant «prévisible», estime le SEW, qui rappelle les nouvelles lois votées «à marche forcée au cours des derniers mois». Dans ce contexte, le syndicat regrette que le ministre «n’ait pas daigné tenir compte des mises en garde qu’il lui a adressées à maintes reprises depuis la mise en œuvre des réformes de la fonction publique dans l’enseignement». Au contraire, il aurait renoncé à mener un dialogue ouvert avec le syndicat pour négocier des accords avec le seul SNE/CGFP. Et ce, alors que primerait le travail qui se fait auprès des enfants «afin de leur garantir de bonnes conditions d’apprentissage». D’un côté, le SEW/OGBL demande au gouvernement de revoir sa politique en matière d’éducation et de renvoyer le nombre important d’enseignants appelés aux postes administratifs dans les classes afin de dispenser un enseignement de qualité aux enfants. De l’autre, le syndicat exige du gouvernement qu’il revoie sa politique de recrutement de nouveaux enseignants et notamment le nouveau stage mis en place à partir de l’année 2016/2017, qui aurait entraîné une diminution des vocations.