Ça y est, c’est parti pour la campagne (visuelle) des élections communales ! Depuis le tirage au sort des numéros des listes électorales, qui s’est tenu samedi, les armadas de membres et autres sympathisants des différents partis politiques du pays se mobilisent.
Car l’enjeu est stratégique : ce sera à qui aura conçu les plus belles pancartes électorales, mais aussi à qui les aura le mieux disséminées aux endroits stratégiques des communes qu’il cible. Car outre les présentoirs «officiels», où chaque parti s’est vu attribuer un numéro, et donc une place réservée, de gauche à droite, de nombreuses affiches et pancartes électorales se sont invitées depuis le week-end dans le paysage grand-ducal. Que ce soit le long des routes, au coin d’un carrefour voire dans une zone piétonne, à quelques mètres d’un supermarché qui draine beaucoup de passage : tout n’est finalement que de la communication et de la stratégie politiques.
Quant au tirage au sort, s’il semble anodin, sa «valeur électorale» est indéniable. En effet, en se voyant attribuer le n°1, le parti déi gréng peut compter sur une visibilité accrue. Car si l’arabe et l’hébreu, entre autres, s’écrivent et se lisent de droite à gauche pour avoir suivi la tradition des scribes égyptiens, nos systèmes d’écriture et de lecture privilégient le sens de gauche à droite. Un électeur indécis ou peu concerné aura, dès lors, davantage tendance à se focaliser sur les affiches des écolos. De même lorsqu’il se retrouvera dans l’isoloir, le 8 octobre. Il lui suffira de cocher la première liste, sans s’interroger outre mesure sur son vote. Voilà pour la forme.
Quant au fond, cette campagne visuelle va certainement faire le plus grand bonheur d’éminents sémiologues, qui vont, dans les jours à venir, décrypter et décortiquer les signes linguistiques, à la fois verbaux ou non verbaux, de ces pancartes : comprendre que les différents slogans, mais aussi les tons utilisés, les images véhiculées, la posture du ou des candidats, voire l’accoutrement ou encore la coiffure de nos chers politiciens, seront passés au crible. Car certains partis la jouent davantage «collectif» que d’autres, qui misent (presque) tout sur leur tête de liste. Ce qui n’est pas sans rappeler les réalisations du célèbre publicitaire français, dont la pancarte de François Mitterrand, «la force tranquille», jouait à merveille la carte du culte de la personnalité. À vous de jouer les sémiologues !
Claude Damiani