Succès d’édition planétaire devenue l’étalon du polar nordique, la série Millénium se décline à partir de jeudi en cinq volumineux tomes avec la sortie beaucoup moins somptuaire de « La fille qui rendait coup pour coup ».
Ce nouvel opus, publié comme les précédents en France chez Actes Sud, promet de révéler les mystères entourant l’enfance de la sulfureuse héroïne, la hackeuse Lisbeth Salander, ainsi que la véritable symbolique de son tatouage en forme de dragon. Après le fastueux lancement en 2015 du tome 4, qui mettait en scène un auteur survolté enchaînant conférences de presse tonitruantes, interviews et signatures à minuit, l’heure est la modération: pas de sortie publique avant le lancement de la tournée au Danemark le 10 septembre.
Une décontraction affectée qui sied à l’auteur David Lagercrantz, lequel patiente, feignant d’ignorer la critique dont une partie ne lui pardonne pas d’avoir repris la plume de Stieg Larsson, créateur de Millénium, décédé en 2004 juste après avoir rendu sa copie. Le nouveau pavé, attendu par les fans, n’a pas la même odeur de soufre que le précédent, premier volet de la suite apocryphe écrite par Lagercrantz.
« Tout le monde était très curieux. On voulait voir s’il allait réussir. Maintenant, c’est plus banal, les gens aiment les personnages et veulent lire leurs aventures », confie Kerstin Bergman, professeur de littérature à l’université de Lund et spécialiste des polars nordiques, genre qui mêle intrigue policière et critique sociale. « C’était un bon roman policier. Très différent de ceux de Stieg Larsson », constate-t-elle. « On y découvrait des personnages introspectifs ».
Lisbeth en prison
Le tome 4 s’est vendu à 6 millions d’exemplaires dans le monde et Lagercrantz entend confirmer pour convaincre ses contempteurs. « Continuer la série comme il l’a fait, c’est extrêmement inhabituel (..) c’est un projet exclusivement commercial, mais le choix de Lagercrantz est sans doute le meilleur », estime Kerstin Bergman. Dans La fille qui rendait coup pour coup, il jette Lisbeth Salander en prison. « Dans la pire prison pour femmes, où elle rencontre immédiatement pas mal de problèmes », dévoilait-il au printemps.
Aux côtés de Lisbeth, les lecteurs retrouveront évidemment Mikael Blomqvist, journaliste d’investigation brillant mais rincé par la vie. Ensemble, ils enquêtent sur les abus qu’elle a subis, franchissent de nouveaux obstacles. Si l’auteur estime s’être plus épanoui dans l’écriture de l’opus, elle, Lisbeth, a mis sa pugnacité à l’épreuve. Faire revivre cette jeune femme au passé trouble est un casse-tête pour Lagercrantz, qui aurait choisi une héroïne au profil différent, « plus douce, plus gentille, plus délicate et plus sensible que celle de Stieg Larsson », confessait-il. « J’ai parlé avec des médecins, des archivistes, des chercheurs en robotique, des blogueurs cingalais menacés de mort, visité la prison de Hall (en Suède) et j’ai googlé en permanence », a reconnu l’auteur sur le site internet de son éditeur.
La fille qui rendait coup pour coup a été acheté dans 34 pays. Après avoir accédé à la célébrité à 49 ans en écrivant l’autobiographie du footballeur vedette Zlatan Ibrahimovic, Lagercrantz avait accepté avec enthousiasme d’endosser « le costume » de Stieg Larsson, terrassé par une crise cardiaque en 2004 après avoir rendu à la maison d’édition Norstedts les manuscrits de sa trilogie (Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes, La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette et La Reine dans le palais des courants d’air), qui a été vendue à plus de 80 millions d’exemplaires.
Sous contrat pour un livre supplémentaire, Lagercrantz affirme que ce sera le dernier.
Le Quotidien/AFP