Accueil | Sport national | [Football] Sélection nationale : Danel Sinani, passé sous les écrans radars

[Football] Sélection nationale : Danel Sinani, passé sous les écrans radars


Sinani (n° 10) va-t-il faire ses premiers pas en sélection demain soir ? Il n'est même pas exclu que cela se fasse avec O. Thill. (Photo : Julien Garroy)

Danel Sinani, titulaire-surprise du début de saison au F91, peut-il réaliser, d’un coup d’un seul, le même genre de percée chez les Roud Léiwen. En tout cas, on ne l’avait pas vu venir.

Auteur de trois buts et trois passes décisifs depuis la reprise en BGL Ligue, ce qui l’implique tout de même dans 75% des buts dudelangeois, l’ancien pensionnaire du RFCU a débarqué comme ça, d’un claquement de doigts, chez les A, sans crier gare. Et s’il honorait même sa première cape dès demain?

Ça arrive tellement peu souvent que c’est rassurant d’entendre que les joueurs ont la même vision que les médias. Julien Jahier, l’attaquant du RFCU, a constaté la même chose que la presse du pays, après un mois de compétition en DN et une convocation chez les A : ça va vite pour Sinani. «Il y a un an, il n’était encore sur les tablettes de personne et d’ailleurs, personne ne faisait attention à lui.» Seulement pour l’avant-centre, c’est assez logique : «Il avait encore beaucoup de mal à lâcher son ballon, il en faisait beaucoup trop. Et puis il a fallu qu’il explose physiquement aussi… Il était vraiment arrivé sur la pointe des pieds et a progressé petit à petit.»

«Qui parle de toi?»

En fait, personne ne peut dire qu’il n’avait pas entendu parler du garçon. Annoncé talentueux, comme tant d’autres, mais dans l’anonymat d’un club à la peine et sans véritable boîte de résonnance autour de lui pour répercuter ses lents mais visibles progrès. Son frangin, Dejvid (Mondorf, ex-Differdange), valide la théorie : «Qui parle de toi quand tu évolues dans un club tout juste solide? Non, pour ça, il faut se hisser dans une équipe du top 3.» Oui enfin, encore faut-il parvenir à y faire son trou. Et là aussi, Danel a surpris. Entré deux fois contre l’Apoel (plutôt qu’Omar Er Rafik à l’aller et plutôt qu’Ibrahimovic au retour), il sort de quatre titularisations en championnat qui l’ont vu marquer autant que délivrer de passes décisives : trois.

Ce genre de démarrage en trombe n’en fait pas encore un cas unique au F91. Ces dernières années, à plus ou moins 20 ans, Joël Pedro, Kevin Malget, Raphaël De Sousa et Dave Turpel ont fait de jolies premières saisons à environ 15 matches en moyenne. Sauf qu’à ce rythme, Sinani semble parti pour une vingtaine d’apparitions au minimum et que les 7 buts de Turpel à 21 ans, pour ses grands débuts, ne vont pas résister longtemps.

Au-delà du nombre d’absences, c’est aussi ce constat qui a poussé Luc Holtz à appeler le joueur. Ça et une mentalité que n’a pas pu s’empêcher de répercuter Manou Cardoni, qui l’a eu à 14 reprises depuis septembre 2015, sans que jamais auparavant il ne passe le cap alors que tant d’autres sont arrivés à 17-18 ans chez les A. La mentalité, c’est Jacques Muller, qui a eu le garçon au RFCU, qui la définit : «Des comme lui, je n’en ai pas vu passer beaucoup au pays. Bonne technique, très bonne vision et excellente qualité tactique. Avec nous, il a joué plusieurs positions et à chaque fois, il a scrupuleusement respecté les consignes. Il y a aussi que la plupart des jeunes s’en foutent de perdre un match ou de ne pas le gagner. Pas lui. Vraiment, vraiment pas! Alors je veux bien qu’on dise que la concurrence est rude en sélection, mais elle l’est aussi au F91.» Pourtant, Toppmöller a déjà compris.

«Ça ne le rend pas plus beau»

«En tout cas il est très à l’écoute et respectueux. Et je crois qu’il s’en fout de l’argent! Il m’a toujours dit que ce qui l’intéressait, en foot, c’était d’aller le plus haut possible», complète Julien Jahier. Le genre de footballeurs que les coaches adorent…

Décrit comme particulièrement timide voire renfermé, le garçon a passé la dernière saison dans son coin de vestiaire à discuter tout bas avec son pote, Florik Shala. Puis le printemps à digérer en silence sa première déception amoureuse : peu après s’être engagé avec le F91, il lui a fallu renoncer à une offre de Nuremberg. «On s’est réunis en famille, raconte son frangin. On a su en parler, faire passer la déception et le plus important, c’est qu’il n’a pas baissé la tête.»

Il a même visiblement bossé pour dix, en préparation, afin de compenser. «Il paraît que c’est LE joueur qui a impressionné tout le monde à Dudelange», croit savoir Jahier. «C’est vrai qu’il est beaucoup plus puissant, sourit Dejvid, qui a croisé sa route avec sa nouvelle équipe de Mondorf (défaite 2-0). Il a pris du volume et est beaucoup plus rapide sur les premiers pas. Il a pris du muscle, ça se voit. Ça ne le rend pas plus beau (il rit), mais il en avait besoin pour tenir plus debout dans les duels.»

Parfait, c’est ce que cherchait le sélectionneur pour cette double confrontation. Des gars qui résistent à l’impact. Et vu que Danel Sinani apprend tellement vite…

Julien Mollereau