Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages après trois mois de présidence, réunit lundi matin à l’Elysée son gouvernement au grand complet pour affronter une rentrée sous tension, avec la présentation dès jeudi des très décriées ordonnances réformant le droit du travail.
«L’entrée dans l’atmosphère est difficile pour Jupiter», selon le mot d’Olivier Faure (PS), président du groupe Nouvelle gauche à l’Assemblée. Le chef de l’Etat accuse de nouveau une très nette chute de sa cote de popularité, avec 40% de personnes satisfaites dans le sondage Ifop publié par le Journal du dimanche. Soit 22 points de baisse dans ce baromètre depuis son élection. «Il y a une difficulté. Mais il ne faut pas regarder uniquement les sondages pour gouverner. Certains l’ont fait et ils se sont plantés», a plaidé dimanche le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, sur BFMTV.
«Les Français considèrent que nous n’allons pas assez vite». «On n’a pas su suffisamment donner de sens, d’explication, de pédagogie aux choses, et on a eu un mois de juillet qui était très budgétaire», a jugé le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, en référence aux polémiques sur les emplois aidés ou la baisse des aides au logement. Le chef de l’Etat pourrait d’ailleurs s’exprimer à la rentrée. «Il ne s’interdit rien», a dit son porte-parole.
Pratiquement muet sur la scène intérieure depuis son élection, Emmanuel Macron n’a cependant pas tardé à réagir longuement, et depuis l’étranger, aux mises en garde adressées par François Hollande. Mardi, l’ex-chef de l’Etat a exhorté son ancien ministre de l’Économie à «ne pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles» à quelques jours de la publication des ordonnances sur le droit du travail.
A la voix de l’ancien président se sont ensuite ajoutées celles de François Bayrou, l’éphémère garde des Sceaux, qui a jugé que «l’opinion ne (voyait) pas clairement la direction» prise par le gouvernement, puis d’Alain Juppé, qui a brocardé le «grand flou artistique sur le budget 2018» orchestré par son ancien protégé, le Premier ministre Edouard Philippe. «Alain Juppé comme François Hollande devraient prendre un peu de temps pour se concentrer sur le bilan de leur propre action». «Ils sont légitimes avec leur expérience pour apporter un regard. Mais je crois qu’ils représentent un temps politique passé», a riposté dimanche Christophe Castaner.
Mélenchon: le dégagisme « va reprendre »
Considéré, si l’on en croit le sondage Ifop/JDD publié dimanche, comme celui qui incarne le mieux l’opposition au président, Jean-Luc Mélenchon n’a pas non plus retenu ses coups en clôture des journées d’été de La France insoumise dimanche à Marseille. «La vague dégagiste qui est passée sur le pays va reprendre», a assuré le tribun, dépeignant M. Macron en «président des riches pour les riches» et appelant à un «déferlement» contre les ordonnances le 23 septembre à Paris.
Lesdites ordonnances doivent être officiellement présentées jeudi avant leur transmission aux partenaires sociaux qui siègent dans les instances paritaires consultatives. Leur publication au Journal officiel est prévue autour du 25 septembre. Lundi matin, selon l’Elysée, «trois grands piliers» sont à l’ordre du jour du séminaire gouvernemental: «les réformes structurelles déjà engagées», «les choix budgétaires pour rétablir la capacité d’investissement de la France» et «la revue des feuilles de route quinquennales de chaque ministère».
Au plan international, après une tournée en Europe de l’Est sur la question des travailleurs détachés qui a tourné à l’affrontement verbal avec la Première ministre polonaise Beata Szydlo, le président français organise lundi après-midi à l’Elysée une rencontre entre chefs de gouvernement européens (Allemagne, Italie, Espagne) et dirigeants africains (Tchad, Niger, Libye) pour tenter de conjuguer les efforts face à la crise migratoire.
Emmanuel Macron déclinera ensuite mardi les grands axes de sa politique étrangère devant la Conférence des ambassadeurs.
Le Quotidien/AFP