Après des mois de silence assourdissant, celui que toute la France attendait en trépignant d’impatience a fait son retour dans la sphère médiatique. Non, on ne parle pas ici de la nouvelle star française du ballon rond, le Monégasque Kylian Mbappé, dont les atermoiements quant à son transfert au Paris Saint-Germain tiennent en haleine tous les passionnés de football. On parle bien ici d’un ancien chef de l’État qui, pour la première fois de l’histoire de la Ve République, ne s’est pas représenté à la présidence au printemps dernier.
François Hollande a ainsi réalisé un come-back remarqué ces derniers jours, en deux temps. Tout d’abord pour égratigner son successeur sur la réforme du code du travail en préparation, mettant en garde contre une trop grande flexibilisation du marché du travail qui réclamerait des «sacrifices (…) pas utiles» aux Français. Ensuite, à l’intention de ceux qui n’avaient pas compris, pour affirmer qu’il n’abandonnait pas la vie politique. Franchement, était-ce vraiment bien opportun pour l’ancien locataire de l’Élysée de sortir du bois pour en plus, cerise sur le gâteau, se gargariser de son… bilan ?
Pour un socialiste, se positionner contre l’affaiblissement des droits des salariés n’a rien d’incohérent. Mais venant de la part d’un dirigeant qui n’a pas pu aller aussi loin qu’il le souhaitait dans la libéralisation du marché du travail, le reproche est totalement déplacé. Surtout, Emmanuel Macron a été élu sur un programme clairement néolibéral et il n’en a pas fait mystère. Hollande, lui, a été élu sur un programme de gauche pour ensuite mener une politique de droite.
Quant au bilan de l’ancien président ? Il n’est jamais bon de tirer sur une ambulance, mais on peut simplement noter que les inégalités ne se sont pas réduites entre 2012 et 2017, que la pauvreté a augmenté, que les dernières élections ont dressé le portrait d’un pays plus divisé que jamais, pays qui est apparu pendant cinq ans comme un simple valet de l’Allemagne en Europe… Et dans sa propre famille politique, François Hollande, la caricature même de l’apparatchik, a laissé un Parti socialiste quasiment à l’état de mort clinique. Décidément, parfois, le silence est d’or.
Nicolas Klein