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Travailleurs détachés et divisés

Le président Emmanuel Macron effectue une rentrée très européenne. Le président français fraîchement élu a entamé mercredi, en Autriche, une tournée de trois jours pour convaincre les dirigeants slovaques, tchèques, roumains et bulgares de mettre fin au fonctionnement actuel du travail détaché au sein de l’Union européenne. L’effort d’Emmanuel Macron est louable… et doit impérativement porter ses fruits !

Lors de la dernière élection présidentielle française, les électeurs ont finalement eu le choix entre deux chemins : celui de l’Europe ou celui du repli sur soi. Le soulagement a été fort après le résultat du scrutin, alors que l’épisode du Brexit était encore dans toutes les têtes, tout comme la victoire du populisme de Trump aux États-Unis. Mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers : le président a compris (espérons-le) que les Français aimaient l’Europe et qu’ils avaient décidé de poursuivre sur la voie d’un destin commun et fraternel… mais plus à n’importe quel prix.

L’élan d’optimisme qu’a provoqué la victoire d’Emmanuel Macron ne doit pas cacher les doutes exprimés par les électeurs concernant cette grande machine qu’est devenue l’Union européenne. Devant le péril des partis nationalistes, elle nécessite des réformes en profondeur pour ne pas voir les États qui en sont membres devenir finalement des concurrents, ce qui peut exacerber la haine de l’autre.

L’Union européenne se retrouve parfois à alimenter ces antagonismes sur le continent qui a été si longtemps déchiré par les affrontements… un comble. C’est par exemple ce qui se passe avec ce travail détaché qui aménage officiellement purement et simplement le dumping social, provoquant suspicion et colère entre les travailleurs européens. Il est également contradictoire de proposer une Union jouant avec des habitants n’ayant pas les mêmes droits sociaux, alors que notre Union européenne devrait au contraire tirer vers le haut tout le système social des pays membres et non tolérer qu’on puisse «jouer» ainsi avec les salariés.

Laurent Duraisin