Depuis quelques années, les relations entre la Chine et le Luxembourg sont au beau fixe, tant dans le secteur financier que dans celui des affaires. Sept banques chinoises sont installées au Luxembourg, qui malgré sa petite taille par rapport à l’empire du Milieu, est en train de devenir un partenaire privilégié en Europe.
Connu pour ses banques et ses fonds d’investissements, le Luxembourg se fait aussi un nom dans la finance chinoise. Le Grand-Duché est en effet devenu le deuxième plus grand domicile des fonds d’investissement chinois, derrière Hong Kong. «Le Luxembourg est très petit, cela signifie qu’il est très ouvert et s’offre comme une plateforme transparente pour la Chine, c’est ce qui plaît aux Chinois», assure le président de la Chambre de commerce ChinaLux, Dirk Dewitte. L’organisation compte près de 150 membres actifs dans la finance, le conseil, l’industrie et les technologies.
Fin juillet, l’autorité de contrôle de la place financière luxembourgeoise (la CSSF) a donné son feu vert à l’implantation de China Everbright Bank. Elle est la septième banque de l’empire du Milieu à poser ses valises au Luxembourg, après Bank of China, ICBC, China Construction Bank, Bank of Communication, China Merchants Bank et Agricultural Bank of China qui ont choisi le Luxembourg comme hub européen.
Une porte d’entrée en Europe
Shanghai Pudong Development Bank attend de son côté l’accord des régulateurs chinois et luxembourgeois pour s’implanter au Luxembourg. «Luxembourg a les capacités d’offrir le même confort et les mêmes avantages aux investisseurs étrangers que le fait Londres», avance Dirk Dewitte qui insiste sur le poids des investissements via le Luxembourg et non pas vers le Luxembourg. Le pays est en effet prisé comme porte d’entrée vers les autres marchés européens.
L’Europe représente aujourd’hui la première destination des flux d’investissements chinois avec 60 milliards de dollars investis en 2016 sur un total de 150 milliards de dollars, selon les données du centre de recherches parisien Asia Centre. «Dans la perception chinoise, le pays le plus facile pour investir est le Royaume-Uni pour tous les secteurs, ainsi que le Portugal et le Luxembourg en ce qui concerne la finance», commente le président d’Asia Centre, Jean-François Di Meglio. Car si le Grand-Duché attire les banques chinoises, les investisseurs de l’empire du Milieu comme Fosun International ont racheté plusieurs sociétés d’assurances au Portugal ces dernières années.
Pour Jean-François Di Meglio, le Luxembourg est aussi une porte d’entrée vers les marchés obligataires européens pour les investisseurs chinois. La Bourse de Luxembourg est d’ailleurs spécialisée dans la cotation d’obligations. Elle est la première plateforme européenne d’échange des Dim Sum, ces obligations émises en renminbi (RMB), le nom officiel de la monnaie chinoise. En 2006, les Bourses de Luxembourg et de Shanghai ont signé un protocole d’accord. En juin dernier, le partenariat s’est intensifié avec la publication simultanée de deux indices qui regroupent des obligations vertes émises en RMB et cotées à la Bourse de Shanghai.
De l’amitié aux affaires
Deux fois plus petit que la mégapole de Shanghai, le Grand-Duché parvient à attirer l’œil et le portefeuille des Chinois. «Chaque relation d’affaires démarre avec une relation d’amitié», explique Dirk Dewitte. «Il y a une relation et une communication aisée entre les départements gouvernementaux luxembourgeois et chinois», ajoute-t-il. Ce que les Chinois aiment au Luxembourg? «Ils cherchent un pays petit, relativement neutre, avec un accès direct au gouvernement, un savoir-faire, une capacité et le bagage international de langues normalement attendu de la part d’un centre financier international», détaille le président de ChinaLux.
En juin dernier, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, et certains de ses ministres ont été reçus en grande pompe lors d’une visite officielle en Chine. Pour l’occasion, les drapeaux luxembourgeois et chinois flottaient côte à côte sur la place Tiananmen. Les relations d’affaires sino-luxembourgeoises ne se limitent pas à la place financière : HNCA (Henan Civil Aviation Development and Investment) détient 35 % du transporteur aérien Cargolux depuis 2014. Quant à l’équipementier automobile luxembourgeois IEE, il a été racheté en 2013 par trois investisseurs chinois, SAIC Luxembourg et Ascend Capital Management.
Hors UE, la Chine est le deuxième partenaire commercial du Luxembourg derrière les États-Unis, selon les données du centre de statistiques Statec. En 2015, le géant asiatique représentait 1,2 % des échanges commerciaux du Luxembourg.
Le Quotidien