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Passion Ducati à Esch-sur-Alzette


Éric et Sophie sont tous les deux membres du Ducati Club Luxembourg. Ils racontent leur passion. (Photo : Julien Garroy)

L’été est la saison fétiche des motards. Surtout quand ils sont fans absolus d’une «écurie». Rencontre avec deux accros de Ducati.

Qu’est-ce qu’ils sont heureux de ressortir leur bécane chérie! Moins de monde sur la route, du soleil, du temps pour explorer le Luxembourg sous un autre angle. En l’occurrence, souvent très incliné. On a voulu en savoir plus sur cette passion dévorante. Le Quotidien est implanté à Esch, jadis «petite Italie». Nous nous sommes donc naturellement tournés vers le Ducati Club Luxembourg. Éric et Sophie nous ont donné rendez-vous deux jours plus tard, au pied des hauts-fourneaux. Lui sur un monstre ténébreux (Ducati Monster), elle sur une monocoque immaculée (Ducati Panigale Corse). Impossible de les manquer. Nous voilà pris dans un univers de passionnés. Première remarque : «Il n’y a pas besoin d’être italien pour aimer les Ducati», lance Éric, dont le nom de famille, Altmann, ne laisse présager aucune ascendance transalpine.

En revanche, on ne peut qu’aimer à l’italienne ces belles machines. C’est-à-dire sans mesure, soit complètement, soit pas du tout! «La Ducati est un état d’esprit», pose Éric. Nous voilà dans le vif du sujet. Sophie, qui travaille dans le milieu bancaire et qui calme plus d’un collègue quand elle débarque le matin («C’est toi, tout ce bruit?»), enchaîne : «Les Ducati ne sont pas les motos les plus simples à conduire, ni les moins chères… donc quand on en choisit une, ça n’est jamais un hasard.» Au bout de quelques échanges, le mot est lâché : «La sensation de la route, glisse Éric. Sur une Ducati, tu as la route dans le guidon, c’est sans filtre entre toi et le bitume.» Éric est tellement fan de la marque de Bologne qu’il s’est fait tatouer un signe mystérieux, et à la fois pratique pour un petit cours technique, sur l’épaule. «Ça représente la distribution typique d’un moteur de Ducati, lance-t-il avec le ton du maître. On appelle ça une distribution « desmodromique ». Le mouvement des pistons est conçu de telle façon qu’il n’y a pas de perte d’énergie lors de la fermeture des soupapes. Ce qui permet des régimes moteur très élevés!»

Le son, le style, l’addiction

À peine l’explication achevée, on retombe dans le romantisme pur. «Le bruit d’une Ducati sonne différemment. C’est un son sec et guttural, reconnaissable entre mille.» Sophie, elle, est plutôt du genre à apprécier les détails. Elle parle de son bolide comme d’une parure raffinée. «Éric le sait, c’est la mienne la plus belle! Regardez le ressort du moteur, presque à l’horizontal, et la façon dont chaque pièce a une raison d’être…» Le charme opère, c’est l’amour du design à l’italienne.

Mais tout cela a un prix : chères à l’achat (parfois le double des japonaises), chères à l’entretien (notamment du fait des spécificités du moteur), les Ducati ne peuvent reposer que sur un public conquis. «J’ai eu l’occasion de visiter l’usine de Bologne, raconte Éric. L’emplacement du site n’a jamais bougé depuis 1926. Ça se situe dans une banlieue, à Borgo Panigale. D’où le nom du modèle que conduit Sophie.» Là-bas, Éric a pu s’immerger pleinement dans le mythe. Et comme derrière toutes les croyances, il y a des dieux. «Mike Hailwood, un pilote anglais d’exception qui a sévi à partir des années 60. Ducati lui a dédié l’un des plus beaux modèles vintage : la 900 Mike Hailwood Replica.» L’Italien Loris Capirossi est également un grand nom lié à Ducati. Il a obtenu trois titres de champion du monde!

On l’aura compris, tout cela est aussi une «histoire de testostérone», sourit Éric. Les fans de moto ont un rapport bien différent de celui des conducteurs avec leur voiture. On touche ici à un objet légendaire. «Je ne lâcherai jamais ma Ducati, confie Sophie. C’est un sentiment… extrême.»

Hubert Gamelon