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Venezuela : nouvelles sanctions américaines


Manifestation anti-Maduro à Caracas, au Venezuela, le 8 août 2017. (Photo : AFP)

Les États-Unis ont infligé des sanctions financières au Venezuela, au moment où le gouvernement du président Nicolas Maduro poursuit sa reprise en main des institutions, faisant craindre à l’opposition la dissolution du Parlement qu’elle contrôle.

«Le Venezuela ne peut être sanctionné par rien ni par personne», a immédiatement réagi le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Jorge Arreaza, selon lequel les Etats-Unis «se ridiculisent devant le monde entier». Huit responsables, dont un frère du défunt Hugo Chavez (président de 1999 à 2013), impliqués dans la récente mise en place de l’Assemblée constituante, rejetée par une grande partie de la communauté internationale, sont visés par ces mesures annoncées mercredi.

«Tous les biens de ces individus sont gelés aux Etats-Unis et les citoyens américains ont pour interdiction de commercer avec eux», a fait savoir dans un communiqué le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin. «Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l’opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu’à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique», a affirmé le Trésor. Le 31 juillet, Washington avait déjà imposé des sanctions juridiques et financières sans précédent contre le président Maduro, alors qualifié de «dictateur».

Le Parlement vénézuélien, seule institution contrôlée par l’opposition, a siégé mercredi dans un climat de défiance vis-à-vis de l’Assemblée constituante, installée au sein même du bâtiment législatif et chargée de réécrire la Constitution de 1999. L’opposition, qui voit dans cette assemblée une tactique du président pour prolonger son mandat au-delà de 2019, redoute une «chasse aux sorcières».

La Cour suprême, qui a déjà condamné à quinze mois de prison le maire d’un district de Caracas considéré comme un bastion de l’opposition, pour ne pas avoir empêché des manifestations, a condamné mercredi à la même peine un autre maire d’un autre district de Caracas. Et l’opposition craint que la Constituante, qui a destitué la procureure générale Luisa Ortega, très critique envers le chef de l’Etat, ne prononce la dissolution du Parlement, comme elle en a le pouvoir.

Élections régionales

Pour maintenir la pression, elle a décidé finalement mercredi de pré-inscrire des candidats aux élections régionales du 10 décembre. Elle espère ainsi porter dans les urnes un nouveau coup au chavisme en s’appuyant sur l’exaspération populaire qui avait permis fin 2015 sa large victoire aux élections législatives. Car après avoir mobilisé les foules presque chaque jour depuis début avril, l’opposition peine désormais à organiser de grandes manifestations. Mardi, ils n’étaient qu’une petite centaine à participer à son blocage des rues, signe sans doute d’un certain découragement après avoir échoué à empêcher la Constituante.

L’opposition table sur le rejet de Maduro par 80% de la population, selon les sondages, ce qui signifierait que la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD, centre droit) pourrait remporter 18 gouvernements régionaux. «Les élections font partie d’une guerre de positions et il faut se battre pour ces positions», prévient l’analyste Luis Salamanca. Le président socialiste Nicolas Maduro, élu en 2013, s’appuie sur le soutien crucial de l’armée et de ses quelques alliés comme la Russie et la Chine, ses créanciers, ainsi que la Bolivie, l’Equateur ou Cuba. Le président cubain Raul Castro lui a assuré mercredi qu’il ne «sera pas seul» dans son combat politique et face au «harcèlement international» dont il est victime.

Les adversaires du chef de l’Etat, qui exigent son départ, ont reçu le soutien mardi de l’ONU, qui a dénoncé «un usage excessif de la force» lors des manifestations, qui ont fait 125 morts en quatre mois. Ces dernières semaines, les Etats-Unis, le Vatican et l’Union européenne avaient également fustigé la radicalisation du gouvernement vénézuélien. Douze pays d’Amérique latine et le Canada ont pour leur part condamné mardi une «rupture de l’ordre démocratique» au Venezuela. «Les pays les plus importants de la région, de manière claire, confirment le fait qu’au Venezuela il n’y a pas de démocratie», a souligné devant l’hémicycle le président du Parlement, Julio Borges, en faisant voter une motion de soutien à cette condamnation.

Mercredi, les représentants diplomatiques de 11 pays ayant signé cette déclaration ont été convoqués par le ministre des Affaires étrangères. «Nous leur avons fait part de notre rejet le plus absolu de cette réunion», a déclaré Jorge Arreaza.

Le Quotidien/AFP