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Une ligne ferroviaire directe entre Hayange et Luxembourg, une utopie ?


Moins de trente voyageurs se rendent au Luxembourg le matin depuis Hayange contraints de prendre une correspondance à Thionville. (Photo : RL)

Les demandes du maire de Hayange, Fabien Engelmann, concernant la liaison ferroviaire directe entre Hayange et le Luxembourg restent sans réponse. Les décideurs ont d’autres priorités à l’ordre du jour et remettent en cause la rentabilité du projet.

On a une gare à Hayange, une voie ferrée qui va jusqu’au Luxembourg et qu’il faudrait moderniser , met en avant Fabien Engelmann, le maire de Hayange. Cela permettrait de désengorger les gares de Thionville et d‘Uckange et de réduire de 20 % le nombre de voitures sur l’autoroute. J’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi la Région et la SNCF ne veulent pas renouveler les infrastructures. » Depuis trois ans, le premier magistrat hayangeois tente de faire mûrir le projet de remettre sur rails la liaison directe entre Hayange et le Luxembourg. Il propose également de mettre à disposition les terrains de la commune pour créer des parkings aux alentours de la gare.

« Il ne faut pas penser qu’au sillon »

Du côté de la Région, la question ne suscite pas de grande déclaration. David Valence, président de la commission des transports et déplacements de la région Grand Est, tique : « C’est très difficile de rouvrir une gare qui a été fermée. Mais nous avons mis en place quatre allers-retours entre Hayange et Thionville. C’est plutôt bien connecté et on a fait en sorte que les gens n’aient pas à attendre trois heures en gare, la correspondance se fait en dix minutes environ. »

Ce à quoi il ajoute : « Il ne faut pas penser qu’au sillon mais aussi à ceux qui sont aux environs. » L’effort est fait, la gare d’Uckange par exemple compte cent trains par jour à destination ou en provenance du Luxembourg et à Hettange-Grande, soixante-deux trains s’arrêtent dans la journée. En revanche, la question de la gare de Hayange ne semble pas d’actualité.

Manœuvre délicate

Jacques Weill, directeur adjoint du TER Grande Région donne l’explication : « Pour faire simple, le problème n’est pas la rénovation de la voie, cela a déjà été fait car nombreux sont les trains de marchandises, dits trains de fret, qui y circulent. Un direct entre Hayange et le Luxembourg était en place jusqu’en avril 2016, il passait par Thionville sans changement de train. Mais cela nécessitait une manœuvre de changement de voie en gare de Hayange qui durait une quinzaine de minutes et bloquait les trains de marchandises. »

De plus, selon Jacques Weill, seulement vingt voyageurs y montaient chaque jour. « Le train passait aux environs de 7 h. L’horaire ne correspondait pas aux besoins de beaucoup d’usagers. Nous avons donc mis en place quatre trains, on couvre davantage de créneaux mais ils ne sont pas directs, il faut faire un changement en gare de Thionville. Il n’est pas possible de mettre en place les quatre dessertes par jour de façon directe à cause de cette difficile manœuvre. Les TER bloqueraient trop longtemps le trafic des trains de fret. »

Envisager des travaux qui faciliteraient la manœuvre : « Ce serait très coûteux et ne correspondrait pas du tout au nombre de voyageurs , estime le directeur adjoint. Il faut tout d’abord faire vivre la solution que nous avons mise en place depuis septembre. Ca ne veut pas dire que ça ne se fera jamais, car nous avons 8 à 10 % de voyageurs en plus chaque année vers le Luxembourg. Mais pour le moment, l’investissement n’est pas envisagé car nous avons d’autres priorités. »

Un argumentaire qui risque de ne pas convaincre Fabien Engelmann : « Quand j’ai joint les décideurs, on m’a répondu que la Région n’avait pas les moyens pour s’occuper des infrastructures de Hayange , s’agace-t-il. Enfin, on a de l’argent pour créer l’A31 bis mais pas pour le ferroviaire ?».

Morgane Lorrain (Le Républicain Lorrain)