Travailler sur l’autoroute, c’est leur quotidien. Dans des conditions souvent difficiles, ces «anges gardiens» apprivoisent le danger. Téléphone au volant, réparation de voiture à même la bande d’arrêt d’urgence, mauvaise foi : autant de comportements que le peloton autoroutier de Moulins-lès-Metz combat.
Avant d’être sur l’autoroute, il était «en compagnie où l’on effectuait régulièrement des missions de sécurisation dans les banlieues. C’est une problématique différente. Ici, on croise tout type d’individus : des familles, des routiers, mais aussi de gros délinquants», explique Emmanuel,
affecté au peloton autoroutier de Moulins-lès-Metz depuis 2009.
Ce matin-là, il est en patrouille avec un binôme dans un véhicule banalisé sur l’A31. L’occasion pour les deux fonctionnaires d’observer et, parfois, verbaliser les comportements dangereux de certains automobilistes. À l’instar de ce père de famille qui téléphone en conduisant son rutilant 4×4 alors que le petit dernier est sur la banquette. Arrêté, l’homme reconnaît tout de suite l’infraction, mais tente de négocier avec les agents. En vain! Et ce, d’autant qu’il n’a plus de points sur son permis de conduire. Quelques minutes plus tard, c’est un automobiliste qui colle la voiture banalisée des deux CRS. «Vous étiez à peine à trois mètres alors qu’à cette vitesse, il aurait fallu respecter une distance d’au moins 54 mètres!», le tance l’un des deux fonctionnaires. En maugréant, le conducteur assure qu’il roulait à 70 km/h sur ce tronçon limité à 90. Il en sera quitte pour une amende de 90 euros et trois points de retrait.
Des comportements hallucinants
«On constate qu’il y a de plus en plus de gens au téléphone. Certains consultent même leurs mails ou envoient des SMS sans avoir conscience du danger, déplore Emmanuel. Un téléphone au volant, c’est trois points, soit un quart du permis, mais ça n’empêche pas les gens de le faire. Il y a beaucoup de mauvaises habitudes sur la route.»
À l’image de ces automobilistes qui s’arrêtent sur la bande d’arrêt d’urgence pour passer un coup de fil ou de ces routiers qui y font leur pause! «Un arrêt dangereux est passible d’un retrait de quatre points et 135 euros d’amende, rappelle Didier, le binôme d’Emmanuel. On est régulièrement confrontés à la présence de piétons sur la bande d’arrêt d’urgence. On est même intervenus, une fois, pour un joggeur qui faisait son footing sur l’autoroute.
On essaye de mettre tous les moyens nécessaires pour récupérer la personne au plus vite. On a beau répéter aux gens que l’espérance de vie sur l’autoroute est réduite, ils ne comprennent pas! Vous n’imaginez pas le nombre d’automobilistes qui essayent de réparer eux-mêmes une panne sur leur voiture. Quitte à se coucher sous leur véhicule!» «On fait preuve de discernement et on ne verbalise pas systématiquement, avoue Emmanuel. Mais quand il y a un cumul d’infractions ou trop de laxisme, on ne peut pas laisser passer. Certains automobilistes voudraient payer plus cher et ne pas perdre des points. On est intransigeant sur le téléphone au volant et la vitesse. En patrouille, sans radar embarqué, on peut quand même relever une vitesse excessive.» Soit une amende de 90 euros!
«On fait de la répression pour des choses importantes qui peuvent avoir des conséquences graves, conclut Didier. Mais notre métier de base, c’est de porter secours et aider l’usager de la route. On doit être ferme, courtois et professionnel. Ça ne sert à rien de faire du zèle. Il arrive parfois que des automobilistes, pourtant verbalisés, nous remercient après qu’on leur a expliqué les dangers.»
Delphine Dematte (Le Républicain lorrain)