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[Athlétisme] Les adieux de la légende aux Mondiaux de Londres


Le Jamaïcain Usain Bolt après sa victoire en finale du 100 m aux JO de Londres, le 5 août 2012. (Photo : AFP)

La der d’une légende: la planète athlétisme s’apprête à dire adieu à sa superstar Usain Bolt, le plus grand sprinter de l’Histoire, qui rêve d’un ultime sacre sur 100 m, temps fort des Mondiaux-2017 (4-13 août à Londres), pour clore en apothéose son immense carrière.

Comment exister dans l’ombre imposante de Sa Majesté Bolt? La question va prendre encore plus de sens cette année, tant l’homme le plus rapide de tous les temps (9 sec 58 sur 100 m, 19 sec 19 sur 200 m) risque de vampiriser l’évènement. Le 100 m n’a pas attendu le Jamaïcain pour être le rendez-vous incontournable des pistes mais la finale, dont le départ est prévu dès samedi, revêtira cette fois une dimension toute particulière. Bolt sera-t-il fidèle au mythe qu’il a forgé durant ses 13 années de carrière en améliorant son record de 11 titres mondiaux, bouclant la boucle en beauté? Avec trois petites sorties cette année et un seul passage sous les 10 secondes (9 sec 95), le 21 juillet à Monaco, l’octuple champion olympique n’a pas réellement impressionné et arrive à Londres, cerné par une armée de rivaux aux dents longues et bien décidés à lui gâcher la fête.

Les prétendants au trône de Bolt sont légion, entre un vieillissant (35 ans) mais toujours véloce Justin Gatlin, redevenu son dauphin aux JO-2016 après une suspension de quatre ans pour dopage, son compatriote Yohan Blake, toujours aux avants-postes, et la jeune garde incarnée par Andre De Grasse (22 ans), 3e du 100 m et 2e du 200 m à Rio, Christian Coleman (21 ans), meilleur performeur en 2017 (9 sec 82), ou le Sud-Africain Akani Simbine (23 ans). Mais le roi Bolt n’est pas prêt à céder sa couronne et compte bien s’éclipser par la grande porte.

Van Niekerk, la relève

Il ne restera plus ensuite que le relais 4×100 m pour admirer une dernière fois les foulées de «La Foudre», mais c’est évidemment sur le plan individuel que le public espère voir son chouchou briller. Dans une discipline rongée par les affaires de corruption et de dopage, qui ont abouti fin 2015 à la suspension de la Fédération russe, dont 19 athlètes ont cependant été autorisés à concourir sous drapeau neutre aux Mondiaux, le sourire et les shows du Jamaïcain risquent en tous les cas de beaucoup manquer. Ces Mondiaux devraient, pour le moins, être l’occasion d’un passage de témoin. Il sera difficile de trouver rapidement un champion avec un tel charisme et une telle aura mais l’athlétisme espère avoir déjà déniché sa nouvelle star avec Wayde Van Niekerk, lancé dans la quête du doublé 200-400 m.

Un an après avoir effacé à Rio le record du monde de Michael Johnson sur le tour de piste (43 sec 03), le Sud-Africain a frappé fort en 2017, dominant logiquement les bilans sur 400 m, tout en affichant des performances remarquables sur 200 m (19 sec 84) et même sur le 100 m (9 sec 94), auquel il a promis de s’attaquer dans le futur. Le voilà à 25 ans porte-étendard d’une délégation sud-africaine à l’ambition dévorante, avec des cadors comme Caster Semenya (800 m dames) ou Luvo Manyonga (longueur hommes).

Farah, une image à redorer

Le public britannique attend de son côté une dernière démonstration du quadruple champion olympique Mo Farah, décidé à passer de la piste au bitume après deux dernières tentatives sur 5000 et 10 000 m. Alors que les accusations de dopage contre son entraîneur Alberto Salazar sèment le trouble et égratignent un parcours sans contrôle positif, Farah sera à 34 ans la principale chance du pays-hôte, privé du champion du monde de la longueur Greg Rutherford, touché à une cheville.

Londres guettera également les prestations de Christian Taylor, toujours aussi proche (18,11 m cette année) du vieux record du monde du triple saut de Jonathan Edwards (18,29 m en 1995), de la «Bolt au féminin» Elaine Thompson sur 100 m, un an après son doublé olympique, ou de Maria Lasitskene, qui tutoie à la hauteur la marque de la Bulgare Stefka Kostadinova établie en 1987 (2,09 m). Le recordman du monde du saut à la perche (6,16 m), le Français Renaud Lavillenie va, lui, chercher à se venger après son échec de Rio face au Brésilien Thiago Braz, forfait sur blessure, et ses larmes provoquées par les sifflets du public carioca. Mais le véritable exploit serait… de voler la vedette à Usain Bolt.

Le Quotidien/AFP