Chaque jour apporte son lot de révélations à la Maison Blanche: Donald Trump aurait dicté lui-même le récit hasardeux de la rencontre entre son fils et une avocate russe en pleine campagne présidentielle, au risque de se placer au coeur du scandale.
Ce nouvel épisode de l’affaire russe, impliquant cette fois directement le président américain, survient quelques heures après la démission lundi du sulfureux Anthony Scaramucci, qui n’aura tenu que dix jours à la tête de la communication de l’exécutif. Les faits, révélés par le Washington Post, remontent au 8 juillet dernier. Les conseillers du milliardaire sont réunis, en marge du G20 en Allemagne, pour décider de l’explication que la Maison Blanche fournira à propos de la réunion à laquelle a participé Donald Trump Jr. avec l’avocate Natalia Veselnitskaya.
Ils décident de prendre les devants, avant que cette rencontre ne soit dévoilée dans la presse et de délivrer un communiqué avec la réalité des faits, pour ne pas être pris à défaut. Mais Donald Trump lui-même, à bord de l’avion présidentiel Air Force One, en décide autrement. Il dicte une version a minima des faits selon laquelle son fils aîné avait évoqué avec l’avocate, en juin 2016, d’un «programme d’adoption d’enfants russes».
« Inutile »
Or, l’on apprendra peu après que «Don Junior» avait avant tout accepté cette réunion avec Natalia Veselnitskaya car elle lui avait été présentée comme une émissaire du gouvernement russe, en possession d’informations potentiellement compromettantes sur la démocrate Hillary Clinton. L’entrevue avait lieu dans ses bureaux de la Trump Tower, à New York, en compagnie du gendre de l’actuel président, Jared Kushner, et du directeur de sa campagne, Paul Manafort.
Selon le Post, qui cite des sources anonymes, les conseillers du président redoutent que l’implication directe de Donald Trump puisse le mettre dans une position juridique dangereuse. Cela alors que plusieurs enquêtes, notamment celle menée par le procureur spécial Robert Mueller, s’intéressent à l’ingérence russe dans la présidentielle américaine ainsi qu’à une possible collusion entre l’équipe de campagne Trump et Moscou.
«C’était… inutile», a déclaré au quotidien un conseiller de Donald Trump, parlant de l’intervention présidentielle. «Il ne pense pas que c’est dangereux sur le plan juridique, il voit ça comme un problème politique qu’il doit résoudre lui-même», a affirmé la même source. L’un des avocats du président républicain, Me Jay Sekulow, a réagi à cet article, estimant qu’«en plus d’être sans conséquence, ces affirmations sont inexactes et non pertinentes».
Obsession
Le 45e président américain n’a pas directement réagi à cette révélation, mais a déploré mardi matin dans un tweet que «seuls les médias de fausses informations et les ennemis de Trump veulent qu'(il) arrête d’utiliser les réseaux sociaux», précisant que ceux-ci représentent son «seul moyen pour que le vérité émerge». Donald Trump, qui a affirmé contre toute évidence lundi qu’il n’y a «pas de chaos à la Maison Blanche», cherche à donner un nouveau souffle à son administration après une semaine cauchemardesque: revers politiques, notamment sur la réforme de la santé, querelles intestines, déclarations injurieuses et grossières…
Ces dernières ont d’ailleurs valu son poste à Anthony Scaramucci, 10 jours seulement après qu’il eut pris les rênes de la communication. Avec le fantasque communiquant aux lunettes teintées, le président voulait justement mettre fin à la spirale des fuites d’informations vers la presse, qui l’obsèdent. Mais Scaramucci ou pas, les médias américains continuent d’afficher à leur Une, jour après jour, les dessous d’une présidence qui semble déjà cernée de toutes parts par les affaires.
Pour serrer les vis, Donald Trump a sorti une nouvelle carte de sa manche en nommant l’austère général John Kelly au poste stratégique de secrétaire général de la Maison Blanche, l’homme qui doit donner ordre et cohérence à l’action gouvernementale. Déjà exaspéré par l’affaire russe qui envenime sa présidence, Donald Trump ne s’est par ailleurs toujours pas exprimé personnellement sur la décision prise dimanche par le président russe Vladimir Poutine, qui a annoncé que le personnel diplomatique des Etats-Unis devra être réduit de 755 personnes.
Le Quotidien/AFP