Les nouvelles tensions entre la Turquie et l’Allemagne, après l’arrestation de militants de droits de l’homme, portent préjudice aux intérêts économiques d’Ankara, a souligné lundi le commissaire européen Johannes Hahn, chargé des relations avec les pays tiers.
«Je pense que la Turquie devrait comprendre les raisons de tout cela et devrait y remédier», a déclaré devant la presse M. Hahn, qui participera mardi avec la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à une rencontre à Bruxelles avec les ministres turcs des Affaires étrangères et européennes. Cette réunion – qui s’inscrit dans le cadre du «dialogue politique» entre les deux parties – va se dérouler sur fond de vives tensions entre Ankara et Berlin.
L’Allemagne a annoncé jeudi dernier une «réorientation» de sa politique vis-à-vis de la Turquie après l’interpellation à Istanbul de défenseurs des droits de l’homme, dont un Allemand. La crise germano-turque s’inscrit elle-même dans un contexte de dégradation des rapports entre la Turquie et l’UE, en lien notamment avec la récente réforme constitutionnelle controversée du président turc Recep Tayyip Erdogan et avec les purges massives conduites dans le pays après un coup d’Etat avorté en juillet 2016.
«On ne doit pas oublier l’impact d’un tel débat sur la Turquie», a observé lundi M. Hahn, alors que l’Allemagne envisage des mesures de rétorsion économique, incluant un réexamen des garanties, prêts ou aides apportés à la Turquie. «Cela nuit d’une certaine manière à la société turque, à l’économie turque», a poursuivi le commissaire européen. Interrogé sur la possibilité de suspendre les fonds de pré-adhésion que les Européens versent à la Turquie dans le cadre des négociations d’adhésion du pays à l’UE, M. Hahn a rappelé que ces aides «ont été adoptées».
«Je dispose d’une marge de manoeuvre de rédéploiement», a-t-il dit, «mais la décision de principe a été prise de ne pas interrompre les négociations« d’adhésion à l’UE. Ces négociations, lancées en 2005, sont au point mort.
Le Quotidien/ AFP