Quelques semaines après la victoire de Gilles Muller face à Rafael Nadal, un autre Luxembourgeois a réalisé un exploit un peu comparable. En effet, Flavio Giannotte s’est offert le scalp du champion olympique en tableau de 64 des championnats du monde d’escrime à Leipzig, samedi.
Où s’arrêtera Flavio Giannotte ? On savait le garçon doué et talentueux et que la valeur n’attend pas le nombre des années. Mais ce qu’a réalisé l’épéiste luxembourgeois, qui participait à ses premiers championnats du monde dans la catégorie seniors, force le respect. Déjà, alors qu’il espérait juste se sortir des poules, il avait largement atteint son objectif. Malgré des poules relativement moyennes, il réussit à passer en tableau d’élimination directe par le chas d’une aiguille avant de remporter deux assauts 15-9 pour s’offrir un tableau de 64 pour ses tout premiers Mondiaux chez les grands. Le tireur luxembourgeois était forcément un peu stressé puisque, pour son premier tableau de 64 dans le plus grand rendez-vous planétaire, hormis les JO évidemment, il se voyait opposer le Coréen Park, tout simplement champion olympique et numéro 2 mondial. Et contre toute attente, c’est bien Giannotte qui sort vainqueur de ce duel, déséquilibré sur le papier : « Il a été incroyable. Le meilleur match que je l’ai vu tirer », dira Lis Fautsch, sa compatriote, qui elle n’a, en revanche, pas réussi à briller sur les pistes allemandes.
« Un sentiment unique et génial »
Flavio Giannotte, qui se fera malheureusement sortir 15-14 en tableau de 32, nous fait vivre les coulisses de l’exploit : « J’avais tout analysé avec mon maître d’armes Maurice Pizay. Il n’y avait plus de place au hasard et avec mon grand-père (NDLR : ancien champion d’escrime lui-même) on a réussi à me mettre dans un esprit de mental de vainqueur. » Et ça a marché : « Ce matin (NDLR : samedi), je ne doutais nullement de moi. J’étais persuadé que j’allais éliminer le champion olympique. Dans le match, j’ai tout donné. Tout ce que je pouvais et je l’ai fait ! Je n’ai pas de mots pour ça, c’est juste énorme. » Et de préciser : « Je suis resté calme et concentré sur l’essentiel, qui était de toucher. Il est même revenu à 10-10 mais j’ai réussi sans m’affoler à l’emporter 15-12. C’est un sentiment unique et génial ! »
Après ce fantastique exploit, il devra baisser pavillon face à l’Allemand Schmidt : « C’était un peu bizarre. Il avait tout le public derrière lui, ce qui n’a pas facilité le match et l’a bien boosté. Il avait une réussite incroyable. Il touchait presque tout ce qu’il voulait. J’ai réussi à m’accrocher au score mais j’ai commis trop de fautes inutiles et il a pu gérer le match. À 14-10 pour lui, je me suis remis en question et mentalement je n’avais pas encore perdu. J’y croyais encore et je savais que c’était faisable. » Et il a presque réussi : « Je lui ai mis une touche, puis deux, puis trois. À 14-13, je devais tenter quelque chose. J’ai pris les risques et déclenché une attaque qui était juste. Malheureusement, au lieu de toucher, j’ai plaqué la pointe et ça n’a pas allumé tout de suite… il m’a accroché quelque part et a fait une double et je perds 15-14. » Et de préciser : «Même son entraîneur était surpris car il m’avait accroché. Mais c’est ça l’escrime. Il faut dire que mon matériel n’était pas top à 100% non plus. C’est de ma faute. J’aurais pu éviter cela et allumer deux fois de plus (car deux fois, j’ai touché et mon épée ne marchait pas). Si on ajoute ces deux touches, on comprendra que je m’en veux un peu », conclut un Flavio Giannotte qui signe un tableau de 32 pour ses premiers championnats du monde chez les seniors. Un véritable exploit. Qui en appelle certainement d’autres.
Romain Haas