La délégation du personnel a rendu son tablier hier. Elle met en cause le collège échevinal.
On peut être une mairie de gauche et avoir des problèmes avec ses employés. (Photo : Isabella Finzi)
On savait que les dernières élections législatives avaient été un petit séisme politique national, mais il fallait être extralucide pour imaginer qu’une des conséquences de l’arrivée du nouveau gouvernement serait la scène qui est survenue hier : la démission en bloc de la délégation du personnel de l’hôtel de ville de la deuxième commune du pays.
> Deux ans de négociations en l’air
En agissant ainsi, les délégués du personnel (cinq sont syndiqués à la FGFC, un à l’OGBL) ont, en accord avec leurs centrales respectives, joué leur dernière carte. C’est que la situation était visiblement plus que compliquée, inextricable, même.
Le collège échevinal est clairement visé par les syndicalistes. « Depuis qu’il y a la nouvelle équipe (NDLR : emmenée par Vera Spautz), il n’y a plus de communication du tout, explique Alain Spies, délégué FGFC du personnel. Avant les élections (NDLR : et alors que Lydia Mutsch, aujourd’hui ministre de la Santé, était bourgmestre), on se mettait autour de la table et on discutait lorsqu’il y avait des problèmes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. »
Des dossiers jugés essentiels sont ainsi au point mort, « notamment certains traitant de problèmes importants concernant la santé et la sécurité ». D’autres sont jetés aux oubliettes. Ainsi, le travail de deux années de négociations concernant la règlementation des horaires mobiles « vient d’être complètement déchiré », déplore-t-il. « Depuis les changements à la tête de la mairie, il est devenu impossible de défendre les intérêts du personnel, assure Alain Spies. Pourtant, nous avons tout essayé… » Il regrette que les échevins aient imposé des conditions très désavantageuses aux employés sans qu’il ne soit possible de négocier. Des décisions ont été prises « à la tête du client » en ce qui concerne des promotions, des reports de congés ou encore des congés parentaux.
> « C’est un peu la catastrophe »
Bref, il juge qu’aujourd’hui, à la mairie d’Esch-sur-Alzette, « c’est un peu la catastrophe. Il y a même des gens qui ont peur sur leur poste de travail ». Selon le syndicat, l’ambiance serait carrément à la zizanie dans les couloirs de la mairie, avec d’incessantes querelles au sein de l’administration de différents services et plus aucun respect porté aux sept membres de la délégation.
La situation est désormais claire : il n’y a plus de délégation du personnel à la mairie et aucun retour en arrière n’est possible. Pour corriger cette situation illégale, il va falloir organiser de nouvelles élections au plus vite. « Nous espérons que cela va inciter le bureau échevinal à se lancer enfin dans la discussion… et peut-être qu’avec de nouveaux délégués, ça ira mieux », tente Alain Spies qui, à l’heure actuelle, n’a pas franchement envie de se présenter à nouveau.
Hier soir, la section du CSV s’est jetée sur l’occasion pour envoyer une série de questions qui seront donc au programme du prochain conseil communal. Sûr que l’ambiance sera aussi chaude dans les couloirs que dans la salle du conseil…
De notre journaliste Erwan Nonet