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Des milliers de salariés de Portugal Telecom protestent contre Altice


Des salariés de Portugal Telecom manifestent à Lisbonne, le 21 juillet 2017. (Photo : AFP)

Des milliers de salariés de Portugal Telecom ont participé vendredi à une journée de grève et manifesté à Lisbonne pour protester contre des transferts de postes vers d’autres entités du groupe français Altice, qui a repris l’opérateur historique portugais fin 2014.

Le taux d’adhésion à la grève a été chiffré à 70% des 9.500 salariés par un dirigeant syndical, alors que la direction du groupe l’a évalué à seulement 19%, affirmant que «tous les services aux clients ont été assurés». Environ 3 000 manifestants, selon les syndicats, se sont rassemblés devant le siège de Portugal Telecom, avant de défiler jusqu’à la résidence officielle du Premier ministre, le socialiste Antonio Costa.

«Non au vol des droits acquis» et «contre l’intimidation et le chantage», ont scandé les manifestants, vêtus de t-shirts noirs arborant une version détournée du logo d’Altice qui portait le mot «aldrabice» («escroquerie»). Le groupe du magnat des télécoms et des médias Patrick Drahi a racheté Portugal Telecom en décembre 2014 à l’opérateur brésilien Oi pour 7,4 milliards d’euros.

Les syndicats s’opposent au transfert de 155 travailleurs vers d’autres entreprises du groupe au Portugal et des prestataires, arguant qu’ils risquent à terme de perdre leur emploi. «On m’a notifiée de mon transfert et maintenant je suis obligée d’accepter ou de démissionner», a expliqué une des manifestantes venue de Porto, Maria José Peres, 42 ans. «Nous sommes assurés de recevoir notre salaire pendant un an, mais nous craignons d’être licenciés juste après».

Pedro Navalho, technicien de télécommunications de 56 ans, accuse le nouveau propriétaire de vouloir «détruire» l’entreprise. «Ils vont tout casser en morceaux pour qu’Altice puisse faire un profit. C’est ce qu’ils ont déjà fait avec Cabovisao et ONI», a-t-il affirmé en référence à deux sociétés achetées par Altice en 2012 et 2013, puis revendues en janvier 2016 au fonds d’investissement Apax France.

Le Premier ministre s’en était pris vivement à Altice mercredi, disant redouter un «démantèlement» de Portugal Telecom. Fin mai, il avait déjà prévenu qu’il ne donnerait «aucune autorisation» à Altice pour licencier quelque 3 000 salariés de Portugal Telecom, un projet évoqué dans la presse locale mais démenti par le groupe français. Depuis l’arrivée d’Altice, environ 1 500 salariés ont quitté l’opérateur de télécommunications dans le cadre d’un plan de départs volontaires, selon les syndicats.

Le Quotidien/AFP