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Donald Trump remanie sa communication pour un nouveau départ


Combinaisaon des portraits de Sarah Huckabee Sanders, à Washington le 21 juillet 2017 et de Sean Spicer, à Washington le 1er mai 2017. (Photo : AFP)

Le porte-parole du président américain Donald Trump, Sean Spicer, a démissionné vendredi à l’issue de six mois mouvementés à la Maison Blanche, et une nouvelle équipe a pris la tête de la communication présidentielle.

Sean Spicer, 45 ans, a présenté sa démission en protestation après l’embauche par Donald Trump d’un nouveau directeur de la communication, Anthony Scaramucci, malgré les objections du secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, selon une source. «Ce fut un honneur et un privilège de servir le président Donald Trump. Je continuerai jusqu’à la fin août», a écrit M. Spicer sur Twitter en début d’après-midi.

Donald Trump lui a rendu hommage. «Sean Spicer est une personne merveilleuse qui a été terriblement maltraitée par les médias des Fake News – mais son avenir est brillant!», a écrit le président sur Twitter. Sean Spicer a été remplacé par sa numéro deux, Sarah Huckabee Sanders. Donald Trump donne ainsi un nouveau visage à sa Maison Blanche, six mois et un jour après sa prise de fonctions. Le poste de directeur de la communication était vacant depuis le départ de Michael Dubke en mai. Anthony Scaramucci, venu de Wall Street et impliqué dans la campagne de 2016, dirigera la stratégie presse générale, tandis que la porte-parole est chargée des interactions quotidiennes avec les médias.

«Dans la bonne direction»

«Je veux faire en sorte que notre modèle culturel soit de promouvoir le programme du président avant toute chose», a déclaré M. Scaramucci dans la salle de presse. «S’il y a de petites frictions à l’intérieur de la Maison Blanche à cause de cela, ce n’est pas grave». «Le navire va dans la bonne direction, il faut juste qu’on dise clairement quelle est la direction», a-t-il dit. Sean Spicer était sur la sellette depuis des semaines, victime des critiques de son patron face au désordre dans la communication présidentielle, auquel le tweeteur-en-chef lui-même est accusé de contribuer. D’innombrables couacs et faux pas ont marqué les six premiers mois, sans compter des escarmouches quasi-quotidiennes avec les journalistes.

«J’ai juste pensé qu’il était dans l’intérêt de notre équipe de communication (…) qu’il n’y ait pas trop de chefs en cuisine», a résumé Sean Spicer sur Fox News. La démission survient à la fin d’une nouvelle semaine mouvementée pour le président, ouvertement agacé par la progression de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une éventuelle collusion entre la Russie et sa campagne l’an dernier.

La polémique ne s’arrête pas pour autant: le Washington Post a affirmé vendredi soir que le ministre de la Justice Jeff Sessions avait évoqué la présidentielle avec l’ambassadeur russe, contrairement à ce qu’il a maintes fois répété. Outre le chambardement de l’équipe de communication, Donald Trump a remanié son équipe d’avocats personnels, qui représentent ses intérêts face à Robert Mueller. L’un d’eux a démissionné.

Ces événements ont secoué la sphère politico-médiatique, qui y voyait le signe d’une Maison Blanche divisée en interne et désorganisée. Mais «rappelons-nous que la plupart des électeurs se fichent de savoir qui est porte-parole. Ce qui compte, c’est la politique du président», a estimé le politologue Larry Sabato.

Mueller attaqué

Selon plusieurs journaux, Donald Trump cherche à contenir l’enquête sur les éventuelles ingérences russes, qui vise certains de ses proches, et à saper l’autorité de Robert Mueller, nommé en mai pour assurer l’indépendance des investigations. Il lui reproche de s’intéresser à ses propres finances et à celles de sa famille, comme cela a été rapporté par plusieurs médias, insistant qu’il n’avait aucun intérêt financier en Russie.

Selon le New York Times, les avocats personnels et les collaborateurs de Donald Trump ont commencé à fouiller la vie des enquêteurs recrutés par Robert Mueller dans le but de découvrir des conflits d’intérêts qui pourraient permettre de les discréditer. Et il aurait demandé à ses juristes sous quelles conditions il pourrait gracier des proches, des membres de sa famille, voire lui-même, selon le Washington Post.

Ce travail de sape contre le procureur spécial a suscité la colère des démocrates qui codirigent les enquêtes distinctes menées au Congrès. Le mandat de Robert Mueller, défini dans une lettre, est d’enquêter sur «tout lien et/ou coordination entre le gouvernement russe et des individus associés à la campagne du président Donald Trump», mais aussi «tout sujet» découlant «directement» de ces investigations.

Pour l’élu démocrate Adam Schiff, il ne fait aucun doute que M. Mueller a le pouvoir d’enquêter sur les finances de Donald Trump. «Tout fait financier inconvenant entre la Russie et l’organisation Trump, tel que du blanchiment d’argent, pourrait représenter le type même de +Kompromat+ (information compromettante) que la Russie pourrait exploiter pour influencer la politique de l’administration», a-t-il déclaré.

Le Quotidien/AFP