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Mike Pence, prochain président des États-Unis ?


Le président américain Donald Trump (d) et le vice-président Mike Pense, le 30 juin 2017 à la Maison Blanche, à Washington. (Photo : AFP)

Il y a un an exactement, le gouverneur de l’État de l’Indiana, Mike Pence, était catapulté sur la scène internationale par Donald Trump, qui le nommait colistier. Son pari a payé. Il est devenu en janvier le 48e vice-président des États-Unis.

A ce titre, le quinquagénaire au visage impassible et à la chevelure blanche est actuellement l’homme le plus proche de la présidence, soit en tant que remplaçant automatique en cas de départ prématuré du président, soit en tant que successeur naturel, en 2020 ou 2024, selon que Donald Trump fera un ou deux mandats. Tout le sépare du milliardaire locataire de la Maison Blanche: il est un héros des ultraconservateurs chrétiens, quand Donald Trump se joue des lignes idéologiques; et il est aussi raide et discipliné que son patron est exubérant et imprévisible.

Ce sérieux et sa constance de caractère ont fait de lui l’un des personnages-clés de Washington, très apprécié des parlementaires républicains déboussolés par la manière Trump. Toutes les semaines ou presque, Mike Pence, qui siégea lui-même à la Chambre des représentants, fait d’ailleurs la navette entre la Maison Blanche et le Congrès pour rassurer les élus qui peinent à comprendre la ligne de l’exécutif.

En avril, il est aussi allé rassurer les alliés asiatiques de l’Amérique lors d’une longue tournée. Dans le dossier crucial de la réforme du système de santé, il se démène pour rallier les frondeurs de la majorité. Comme l’écrit le Daily Beast, Mike Pence «est le marteau derrière la glace à briser en cas d’urgence». «Être présent, avoir un visage qui dit +Je suis là, tout va bien+, c’est la mission de Pence», dit Michael Munger, professeur de science politique à l’université Duke.

Pence cultive ses réseaux

«Être le vice-président du président Donald Trump est le plus grand honneur de ma vie», a-t-il redit récemment. D’une loyauté sans faille envers l’homme qui l’a sorti de l’anonymat, Mike Pence, 58 ans, n’en prépare pas moins ses arrières. En toute discrétion.

En mai, deux de ses proches ont créé un comité d’action politique, un «PAC» comme on dit à Washington, a rapporté le New York Times. Ces structures lèvent de l’argent et peuvent se révéler très utiles pour financer une éventuelle candidature. Le vice-président a également commencé à inviter à dîner dans sa vaste résidence de Washington, l’Observatoire naval, des grands donateurs républicains. Des prises de contact qui pourront servir, le temps venu.

Le nuage russe

Les enquêtes sur une éventuelle collusion entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et des proches du pouvoir russe pendant la campagne présidentielle américaine fragilisent le dirigeant américain, une poignée de démocrates n’hésitant plus à appeler à sa destitution. Une telle perspective reste extrêmement éloignée, tant les républicains restent à ce stade fidèles à M. Trump. Mais le nuage russe ne se dissipe pas, et beaucoup craignent les conclusions des investigations du procureur spécial Robert Mueller.

En cas de destitution, Mike Pence deviendrait le dixième vice-président de l’histoire à être hissé au sommet du pouvoir sans avoir été élu président, le dernier ayant été Gerald Ford en 1974 après la démission de Richard Nixon. Mike Pence a pris soin cette semaine de prendre ses distances avec le fils aîné du président, Donald Jr., qui a rencontré une avocate russe l’an dernier dans l’espoir qu’elle lui fournisse des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

Mais il n’est pas totalement isolé de l’affaire. Il a en effet dirigé l’équipe de transition présidentielle en 2016, se faisant apparemment berner par un conseiller de M. Trump, Michael Flynn, qui lui a dissimulé une partie de ses conversations avec l’ambassadeur russe à Washington. Sa crédibilité a aussi pris un coup après la révélation de la rencontre du fils Trump avec l’avocate russe, car Mike Pence avait assuré publiquement qu’aucun contact n’avait eu lieu avec les Russes pendant la campagne. «Il s’est montré très loyal», résume Paul Beck, politologue à l’Ohio State University. «Mais si la controverse sur la Russie se transforme en problème très sérieux pour l’administration Trump, Pence se retrouvera piégé comme le reste de l’équipe», dit-il.

Le Quotidien/AFP