En mai 2014, le patron du restaurant avait porté plainte contre son employé pour abus sexuels sur ses filles âgées de 12 et 16 ans.
Si j’étais coupable, je serais retourné en Inde. Et je n’aurais pas eu besoin de me défendre. » Jusqu’au bout, le trentenaire poursuivi pour abus sexuels sur les deux filles de son patron, âgées de 12 et 16 ans, avait clamé son innocence.
Au cours de l’enquête, il s’était avéré que deux jours avant que le restaurateur ne porte plainte contre son employé, ce dernier avait porté plainte à la police pour avoir été exploité au travail. Faits pour lesquels le patron a, d’ailleurs, été condamné à 18 mois de prison avec sursis et à une amende de 12 000 euros en mars dernier.
Pour l’avocat de l’employé, la plainte pour abus sexuels constituait un acte de vengeance par rapport au fait qu’il avait combattu pour ses droits au travail. « C’est parce qu’il ne pouvait plus l’exploiter que l’histoire des abus sexuels a été montée », avait martelé Me Pim Knaff, plaidant l’acquittement. Il avait démonté l’idylle décrite par les avocats de la famille du restaurateur : « Le patron allait chercher son personnel en Inde. Il a fait venir mon client et l’a logé au-dessus du restaurant. Mais quand il a demandé à être déclaré, à recevoir une fiche de salaire… il est revenu trop cher. Et le patron a voulu s’en débarrasser parce qu’il avait été chercher deux nouveaux « pigeons » en Inde. Mon client n’était plus souhaité. Par tous les moyens, il a essayé de le faire retourner en Inde. » Il avait poursuivi : « Comme mon client ne voulait pas partir, ils ont regardé comment lui poser des problèmes. »
« Le fait qu’on essaie de s’arranger différemment, est-ce que cela a des incidences sur les déclarations des filles? », avait rétorqué le premier substitut Michèle Feider. Pour la représentante du parquet, les déclarations des filles étaient « claires, précises et cohérentes ».
Le parquet avait requis huit ans de réclusion
Elle estimait que la chambre criminelle devait retenir les infractions de viol et d’attentat à la pudeur sur la plus jeune fille. Car, à la police judiciaire, la cadette avait notamment parlé d’une fellation. La représentante du parquet avait toutefois demandé d’acquitter le prévenu de l’attentat à la pudeur sur la fille aînée : « Elle dit ne pas avoir été forcée et avoir été amoureuse. Je suis d’avis que l’absence de consentement n’est pas prouvée. »
Le parquet avait requis huit ans de réclusion contre le trentenaire, mais ne s’était pas opposé à ce que la peine soit assortie d’un large sursis. Vendredi matin, la 13e chambre criminelle a reconnu sa culpabilité et l’a condamné à six ans de réclusion avec sursis. À la fille cadette ainsi qu’à ses parents, il doit verser un total de 7 000 euros de dommages et intérêts. Quant à la demande de la fille aînée, qui s’était également constituée partie civile, la chambre criminelle s’est déclarée incompétente.
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.
F. A.