Le suspense bat son plein. Étienne Schneider semble être sur tous les fronts pour concrétiser ce qui serait le plus important investissement de l’histoire du pays.
Le ministre de l’Économie va vivre un week-end mouvementé où tout à la fois il devra faire patienter Google, convaincre les propriétaires fonciers de vendre et préparer une réunion sur le sujet de la commission de l’Économie, demandée par l’opposition et qui aura lieu lundi matin. Le dossier Google semble être dans sa phase finale, mais sans aucune garantie de réussite.
Vendredi, tout le monde a attendu, en vain, une annonce venant du bureau d’Étienne Schneider au dernier étage du ministère de l’Économie situé sur le boulevard Royal. En effet, selon plusieurs médias luxembourgeois, Google avait donné au gouvernement jusqu’à vendredi pour trouver un terrain susceptible d’accueillir un data center gigantesque d’une superficie de 25 hectares, une surface qui équivaut à 35 terrains de football. Pour autant, personne n’ose encore parler d’échec dans les négociations. Au contraire, le dossier semble aborder le sprint final.
Selon des informations venant du ministère de l’Économie, le terrain de 25 hectares serait situé à Bissen où LuxConnect exploite déjà un centre de données. De plus, il semble que plusieurs propriétaires fonciers détiennent les clés de cette affaire. Reste à espérer que le gouvernement arrivera à trouver les mots pour convaincre les propriétaires des terrains en question et que ces derniers ne se montreront pas trop gourmands.
Ne pas jeter la pierre sur les propriétaires
Dans le cas contraire, cette poignée de propriétaires pourrait faire capoter la venue du géant de Mountain View au Luxembourg, qui passera à côté du plus grand investissement jamais réalisé au Grand-Duché. En tout cas, les négociations, tant avec Google pour le convaincre de faire preuve d’un peu plus de patience qu’avec les propriétaires fonciers, restent ouvertes. Le week-end s’annonce court pour le ministre de l’Économie.
Vendredi soir, RTL a d’ailleurs annoncé que le gouvernement était prêt à débourser 35 millions d’euros pour acquérir les terrains en question. Une information non confirmée par le ministère de l’Économie.
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Mais attention à ne pas jeter trop vite la pierre sur les propriétaires terriens. En effet, de nombreuses autres questions restent sans réponse, comme l’aspect environnemental. Les géants d’internet, très énergivores, aiment se doter de centre de données ayant un aspect «vert». Aux Pays-Bas, Google refroidit son data center grâce à des éoliennes, en Belgique c’est grâce à un canal fluvial. Donc quid du Luxembourg?
Cette situation est évidemment très suivie chez nos voisins, notamment la Belgique qui accueille déjà deux centres de données de Google et ne dirait pas non à un investissement d’un milliard d’euros si l’occasion se présente. D’ailleurs le journal L’Écho a questionné Pierre Leclercq, ancien responsable de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex) qui a travaillé sur l’arrivée du centre de données de Google à Mons en 2015. Pierre Leclercq a affirmé que le Grand-Duché avait les atouts pour séduire Google, notamment en termes d’infrastructures, mais aussi une main-d’œuvre maîtrisant bien la langue anglaise, en plus d’un gouvernement dynamique. Mais Pierre Leclercq a également soulevé un autre point important en affirmant que trouver un terrain n’était pas synonyme de réussite, puisqu’il faut également que la zone proposée à Google corresponde aux besoins du géant américain en termes de refroidissement par exemple.
Des perspectives alléchantes
Vendredi, la Chambre des députés a également annoncé la tenue, lundi matin, d’une réunion de la commission de l’Économie sur demande du groupe CSV. Le but étant d’avoir un échange de vues avec Étienne Schneider sur le projet d’investissement de Google. Depuis vendredi, le ministre est donc sur tous les fronts, de la Californie à Bissen en passant par la Chambre des députés. D’ailleurs, vendredi, du côté du ministère de l’Économie, le message était clair : « Le ministre n’accordera aucune interview avant lundi et la réunion de la commission de l’Économie. »
Il faudra donc patienter encore un peu pour connaître l’issue de ce dossier qui pourrait donner un sacré coup de fouet à l’économie luxembourgeoise si l’on se base sur une projection de l’Institut de consultance économique Copenhagen Economics, qui en 2015 avait estimé l’impact économique des investissements de Google en Belgique à l’horizon 2020 à hauteur de 1,3 milliard d’euros dans le PIB belge et la création de 3 900 emplois directs et indirects. Une projection basée sur un investissement de 250 millions d’euros de Google entre 2007 et 2014. Des chiffres qui laissent rêveur si Google et le Luxembourg concrétisent un projet quatre fois plus important que chez nos voisins…
Jeremy Zabatta