Le groupe de médias et télécoms Altice a mis la main vendredi sur la chaîne de télévision la plus populaire du Portugal, TVI, en rachetant son propriétaire Media Capital, poursuivant ainsi sa stratégie de convergence entre activités télécoms et médias.
Le groupe dirigé par le magnat franco-israélien Patrick Drahi a annoncé avoir signé un accord avec le premier groupe de presse espagnol et propriétaire du quotidien El Pais, Prisa, pour lui racheter sa participation de 94,7% au capital de Media Capital. L’opération valorise ce groupe portugais fondé en 1992, propriétaire de la Radio Commercial également en tête des audiences dans le pays, à 440 millions d’euros, proche des 450 millions d’euros évoqués dans la presse portugaise fin juin.
La combinaison d’actifs télécoms, de médias, de contenu et de publicité constitue un axe de croissance sur lequel Altice, propriétaire de l’opérateur de télécoms SFR ou encore de NextRadioTV (maison-mère de BFMTV et de RMC), continue de se bâtir. A la Bourse d’Amsterdam, le titre Altice, coté également à New York, prenait 0,32% à 20,11 euros.
Le groupe va lancer une offre pour acquérir le reste du capital (soit 5,3%) de Media Capital non détenu par Prisa, un groupe lourdement endetté. Il a l’intention de retirer ensuite Media Capital de la cotation sur l’opérateur boursier Euronext à Lisbonne. Cette acquisition « fait partie de la stratégie mondiale de convergence (d’Altice) et suit la voie menée en France, aux États-Unis et en Israël », indique Altice dans un communiqué. Altice explique vouloir notamment « développer de nouvelles chaînes et formats télévisés, (…) accélérer les investissements dans les contenus, (…) investir dans l’expansion numérique, (…) exporter le contenu portugais sur les territoires d’Altice, particulièrement en France et aux États-Unis, (…) et lancer de nouveaux services innovants ».
« Hub mondial de production de contenus »
En rachetant Media Capital, le groupe de Patrick Drahi, qui détient déjà un actif dans la production de contenus avec Hot en Israël, intègre la société de production Plural, filiale de Media Capital et affirme vouloir en faire son « hub mondial de production de contenus ». « Nous voulons saisir les nombreuses opportunités de croissance que Media Capital offre non seulement au Portugal mais aussi à l’international en se fondant sur un ambitieux programme ciblant le numérique, plus de contenus et plus d’innovation », déclare le directeur général d’Altice, Michel Combes, dans le communiqué. Altice, s’attend à ce que l’opération, soumise à l’approbation des autorités réglementaires et des actionnaires de Prisa, ait des effets positifs « immédiats » sur son flux de trésorerie disponible.
Cette nouvelle acquisition d’Altice au Portugal intervient alors que le groupe français a été montré du doigt pour sa gestion de l’opérateur de télécommunications Portugal Telecom, racheté en décembre 2014 au brésilien Oi pour 7,4 milliards d’euros. Le Premier ministre portugais Antonio Costa s’en est pris vivement à Altice mercredi, évoquant le spectre d’un « démantèlement » de l’opérateur historique. « Je redoute que la manière irresponsable avec laquelle a été menée la privatisation » de Portugal Telecom par le précédent gouvernement de droite « puisse déboucher sur un démantèlement faisant courir un risque non seulement sur les emplois mais aussi sur l’avenir de l’entreprise », a-t-il déclaré devant le Parlement.
Fin mai, le chef du gouvernement socialiste avait déjà prévenu qu’il ne donnerait « aucune autorisation » à Altice pour licencier quelque 3 000 salariés de Portugal Telecom, un projet évoqué dans la presse locale. Un porte-parole d’Altice avait démenti alors « tout plan de licenciement collectif » et réaffirmé l’importance de Portugal Telecom pour le groupe.
Le Quotidien/AFP