Jeff Strasser prend un temps raisonnable pour savourer la qualification acquise contre Milsami, jeudi soir, en Europa League. L’autosatisfaction, ça bouffe trop d’énergie.
Elle était empreinte d’une certaine maturité cette qualification…
Jeff Strasser : C’est plus facile à dire une fois qu’on a atteint le 2e tour. Mais en première mi-temps, au moins entre les 20e et 45e minutes, on ne pouvait pas avoir cette impression. C’est en deuxième mi-temps qu’on a retrouvé l’équipe à son niveau et là qu’on a vu que, oui, on a appris d’année en année et que c’est une suite logique de se qualifier. On a toujours dit qu’on n’avait pas de bonnes conditions au tirage, alors cette fois il fallait assumer nos responsabilités et reconnaître qu’on était peut-être aussi dans l’obligation de se qualifier.
La deuxième période à Orhei a été un exemple de maîtrise quand même…
Ce qui m’a plu, oui, c’était la gestion, la tenue de la balle, l’impossibilité laissée à l’adversaire de jouer. On doit quand même trouver les raisons de ces 25 minutes de la fin de la première période. C’est notre devoir.
Le devoir, ces prochains jours, sera d’organiser en catastrophe un deuxième tour à Bakou. Difficile ?
Pas difficile, non, puisqu’on est dans la passion. Oui, c’est du stress, mais c’est pour ça qu’on fait ce job. On prend des décisions concertées, on étudie les options, on suggère des solutions… Je dois remercier le comité qui nous a placés dans des conditions optimales en Moldavie. Mais comme le boulot d’un coach, c’est d’être entraîneur, psychologue, organisateur… je dois faire comprendre à tout le monde que jouer la deuxième tour est peut-être une récompense, mais surtout pas une finalité. On doit tout faire pour poursuivre l’aventure, et pour ça, il faut que j’aie un plan.
Combien de temps le sentiment du devoir accompli dure-t-il ?
Après avoir gagné l’aller contre Milsami, Cyril (NDLR : Serredszum) et moi, on a commencé à essayer de regarder un peu l’adversaire suivant. Il y en a du travail pour que les joueurs aient toutes les informations nécessaires.
C’est beaucoup plus fort, l’Inter Bakou ?
C’est plus fort. Honnêtement, je n’ai pas encore assez eu le temps d’analyser en détail, mais je pense qu’il faut se dire qu’on a une certaine chance d’aller au 3e tour. Il faut se le mettre en tête. Et les joueurs vont en prendre conscience dès le décrassage (NDLR : vendredi après-midi, à la sortie de l’avion).
Vous avez choisi de leur lâcher la bride en soirée. À six jours du match aller contre l’Inter Bakou, c’est le genre de décision difficile à prendre ou absolument nécessaire pour décompresser ?
On a autorisé la sortie, mais en les briefant. On leur fait comprendre l’importance de la récupération. On ne peut pas leur interdire d’aller boire un verre, mais dans la confiance, parce que l’alcool retarde la récupération. Il faut qu’eux connaissent leurs responsabilités. Il y a un contrat. Ils le respectent ou pas. Mais on ne peut pas être toujours dans l’interdit.
Deux clubs luxembourgeois qualifiés au 2e tour de l’Europa League, cela doit-il, ou cela va-t-il, devenir une habitude ?
Déjà, ça lui fait du bien pour les coefficients, au football luxembourgeois. C’est très important pour tout le monde, puisque, mathématiquement, mieux on sera placés, plus on aura de chances d’avoir un bon tirage. Après, si nos adversaires ont toujours ce même regard sur nous, tant mieux, qu’ils continuent. Mais je ne crois plus que ce soit le cas. Le coach de Milsami, après l’aller, avait déclaré que les gens avaient «peut-être compris le niveau réel de cette équipe luxembourgeoise». Maintenant, il faudrait commencer à réfléchir à la possibilité de créer d’autres structures pour continuer à faire augmenter le niveau…
Entretien avec Julien Mollereau