Il y a 5 ans déjà, lors de son passage à la Philharmonie, elle avait fait des étincelles. De retour jeudi soir à Luxembourg, avec sous le coude son nouvel album, Camille, a une nouvelle fois prouvé tout l’étendue de son talent.
Véritable bête de scène elle a électrisé le public de l’abbaye de Neumünster avec son univers unique fait de chansonnettes qui rappellent des ribambelles de l’enfance, son sens inné de la bonne parole, de la juste formule, sa manière de jouer ici, avec des rythmes traditionnels, souvent délaissés dans les musiques actuelles – que ce soit les roulements de tambour des fanfares, des polyphonies ou encore des mélopées -, là avec toutes les possibilités sonores que lui offre son corps, là encore avec une étendue vocale hors norme sans oublier, bien évidemment, ses pas de danse qui renvoient tantôt vers des cérémonies tribales, tantôt vers des danses de l’antiquité, quand ce n’est pas vers le travail de Loïe Fuller.
Sagement assis pendant 35 minutes, les spectateurs – étrangement pas très nombreux – ont fini par se lever comme un seul homme et envahir le devant de la scène jusqu’à là uniquement occupé par les quelques enfants présents. Au départ un peu avare en paroles, la chanteuse – qui proposait là un concert sans cordes, sans cuivres, sans bois, ou autres instruments à vent, mais juste un piano, des percussions et trois choristes – a, du coup, beaucoup plus échangé avec les spectateurs venus à sa rencontre allant jusqu’à inviter, d’abord un couple pour danser sur scène avec elle et son équipe la bourée, plus tard, lors du rappel, six personnes – qui sont vite devenus une quinzaine – pour improviser avec elle un morceaux autour de la sonorité du mot : Grund.
De quoi créer un grand moment de partage pendant toute la durée de cette prestation pendant laquelle la chanteuse a présenté son nouvel album Ouï, mais également repris ses principaux tubes dont le très attendu Ta douleur. 1h30 bénie des dieux de la météo. Si pas mal de pluie était déjà tombée, avant le début du show, et même pendant la prestation d’Aliocha en première partie, les nuages se sont retenus pendant tout le show de Camille. La chanteuse a commencé à saluer la foule à la lumière d’éclairs de plus en plus menaçants. Et, comme par miracle, ce n’est qu’une fois la dernière note du concert jouée, que l’orage s’est déchaîné sur Neimënster. De quoi donner envie à Camille d’improviser quelques couplets de I’m Singing In The Rain en guise d’au revoir.
Une belle manière de se quitter !
Pablo Chimienti