Le meilleur moyen de faire du « clic » sur les réseaux sociaux au Grand-Duché, c’est en ce moment de parler du futur référendum sur le droit de vote des étrangers. Alors qu’un récent sondage a montré que pour le moment les Luxembourgeois y étaient majoritairement hostiles, les partisans du « non » se sentent pourtant en danger, méprisés des médias traditionnels et écartés des débats publics. Quand on creuse un peu, les arguments de ces groupes sont toujours les mêmes : le déclin annoncé de la langue luxembourgeoise (et donc de la nation) face aux méchants francophones qui imposent la langue de Molière au forceps.
Pourtant les cours de luxembourgeois sont partout, les étrangers sont des milliers à tenter l’aventure, même si les cours et les professeurs ne sont pas toujours au point. Difficile d’étudier une langue quand beaucoup de natifs ne savent pas vraiment l’écrire, mais soit. Il semble que plus l’État luxembourgeois fait des efforts pour que la langue du pays soit le luxembourgeois à tous les niveaux, plus certains se crispent sur l’avenir de ladite langue.
Le débat est toujours le même. La paix sociale ne se fera pas sans la main-d’œuvre étrangère résidente et frontalière. Il y a peu de chances que la dernière barrière tombe et que le Saint-Graal – une carrière dans la fonction publique – s’ouvre aux non-luxembourgophones. C’est quand même de ça qu’il s’agit. On ne peut pas se plaindre de ne pas pouvoir commander son pain en luxembourgeois et laisser ces métiers ingrats aux étrangers qui acceptent des salaires bien inférieurs à ceux du secteur public.
C’est le cœur du débat. Si les étrangers ont accès au droit de vote, que va devenir la langue et les privilèges qui vont avec ? Cette peur est bien légitime. Mais le succès fulgurant de ce pays et sa prospérité économique s’est fait et continue de se faire grâce à l’apport des étrangers. Ceux-là même qui n’ont pour le moment pas leur mot à dire. Et les derniers chiffres du Statec montrent que la barre des 50% des étrangers va bientôt être franchie. Est-ce que les Luxembourgeois veulent continuer à être les seuls maîtres à bord, même en minorité ?
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)