Le procès de Martin Shkreli, jeune entrepreneur qui s’est taillé une réputation de cupidité pour avoir augmenté le prix d’un médicament de 5 000%, a pris du retard, en raison de la mauvaise réputation de l’accusé.
Le procès de l’ancien patron de la société pharmaceutique Turing – accusé de malversations dans la gestion de plusieurs sociétés, sans lien avec la hausse du prix du médicament qui l’a rendu célèbre – devait commencer au tribunal fédéral de Brooklyn lundi, après une sélection des jurés qui ne devait prendre que quelques heures.
Mais mercredi matin, la juge Kiyo Matsumoto a convoqué un nouveau groupe de quelque 150 jurés potentiels après avoir excusé des dizaines d’autres lundi et mardi, selon le bureau du procureur. Les plaidoiries d’ouverture ont peu de chance de démarrer avant jeudi, d’après lui.
Beaucoup de jurés potentiels ont en effet reconnu ne pas pouvoir le juger en toute objectivité, indiquant notamment s’être formés une opinion trop négative de lui à la suite de la mauvaise presse dont il a fait l’objet. Un juré, cité par le New York Post, a ainsi décrit l’entrepreneur âgé de 34 ans comme un « serpent » tandis qu’un autre a reconnu le percevoir comme « le visage de la cupidité des entreprises ».
Un comprimé passé de 13,5 à 750 dollars
De tels commentaires ont poussé l’avocat de Martin Shkreli, Benjamin Brafman, à demander une annulation du procès. En vain. Martin Shkreli a été inculpé en décembre 2015 de fraude sur titres, fraude bancaire et conspiration. Il a plaidé non coupable et risque jusqu’à 20 ans de prison en cas de condamnation.
Mais son surnom d’ « homme le plus détesté des Américains » vient d’ailleurs : l’explosion du prix d’un médicament contre le sida, le Daraprim, qu’il a initiée en 2015 lorsqu’il présidait Turing. Le comprimé de Daraprim était passé subitement de 13,5 dollars à 750 dollars, alimentant une vive polémique sur l’augmentation drastique des prix de certains médicaments. Martin Shkreli avait dû démissionner.
Auditionné comme d’autres responsables pharmaceutiques par le Sénat début 2016, le mépris qu’il avait semblé afficher alors avait fait dire à un sénateur qu’il incarnait « le visage de la cupidité » de l’industrie pharmaceutique.
L’homme fait par ailleurs volontiers dans la provocation. Son compte Twitter a été suspendu en janvier, après qu’il eut été accusé de harceler une journaliste avec ses tweets, même si, lui, a laissé entendre qu’il avait été radié du réseau social pour avoir soutenu le président républicain Donald Trump.
Le Quotidien/AFP