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Charlotte, consolatrice des Luxembourgeois


Il y a 70 ans, la Grande-Duchesse Charlotte revenait de son exil britannique. Retour sur un évènement phare de l’histoire nationale, sa portée et sa signification aujourd’hui.

Lorsque, le 14 avril 1945, une Douglas C-47 se détache en vrombissant dans le ciel bleu clair au-dessus de l’aéroport de Findel, Hitler n’est pas encore mort, mais la guerre à l’Ouest perdue. Après l’échec de la contre-offensive allemande dans les Ardennes et la libération du Grand-Duché en janvier, les Alliés avaient franchi le Rhin fin mars et dans les premiers jours d’avril, au cours d’une bataille d’encerclement dans la Ruhr avaient fait 300 000 prisonniers, avant de mettre la main sur le cœur industriel du Reich.

Une réception au milieu du pont Adolphe

Sur Youtube, une vidéo en couleur montre l’atterrissage de l’avion vert olive, propriété privée d’Eisenhower, accompagné de cinq avions de chasse. Par la porte à côté de l’étoile blanche de l’US Army qui orne l’appareil, on voit surgir la Grande-Duchesse, légèrement penchée en avant, avec son turban noir des années folles et son emblématique sautoir en perles qui lui danse au cou. Elle porte un tailleur noir et, posé sur ses épaules, un manteau de fourrure. Sous son bras gauche, elle tient une serviette en cuir noir et dans la main un bouquet de roses dont on a dû lui faire cadeau à son départ de Londres, quelques heures auparavant.

Elle pose un pied sur la marche de la petite échelle rouge qu’on a accrochée sous la porte. Pierre Dupong, ministre d’État, lui vient en aide pour la soutenir. Mais elle réussit seule à descendre de l’avion. Là, devant l’aile gauche de la C-47 qui pointe son nez dans le ciel, elle reçoit un autre bouquet de fleurs qu’elle ajoute au sien. Derrière elle descendent, en uniforme, son époux, le prince Félix, et leur fils Jean, resté en retrait avec sa sœur Alix.

Quelques instants plus tard, elle monte à bord d’une limousine escortée par deux motards et une jeep de l’armée américaine en direction de Luxembourg-ville, où la réception officielle a lieu, au milieu du pont Adolphe, qui enjambe la vallée de la Pétrusse. On voit la Grande-Duchesse écouter avec patience les mots de bienvenue du bourgmestre Gaston Diderich, puis respirer avec soulagement. Elle ne sait pas encore à ce moment-là ce qui est advenu de sa sœur Antonia de Luxembourg, princesse de Bavière, déportée à Dachau, puis Flossenburg.

Frédéric Braun

 


Retrouvez l’intégralité de notre dossier consacré au retour de la Grande-Duchesse Charlotte dans le Quotidien papier de ce mardi.

70è anniversaire du retour d'exil de la Grande-Duchesse Charlotte